Commémoration des Archives nationales dans un ouvrage relatant l’histoire de leur installation à l’hôtel de Soubise.
Alors que se prépare la création d’un nouveau « centre des Archives nationales » à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) pour désengorger les sites de Paris et Fontainebleau, l’hôtel de Soubise, à Paris, fête le bicentenaire de l’installation des Archives nationales dans ses murs. Cet événement est l’occasion d’en retracer l’histoire à travers une exposition –« Mémoire d’avenir », jusqu’au 15 juin – et un ouvrage collectif publié aux éditions Somogy. La parole y a été donnée aux directeurs, conservateurs et spécialistes des archives qui détaillent l’évolution, les origines et les époques charnières : monarchie, Empire, Restauration, République. L’ensemble s’enrichit de reproductions de documents d’époques tels que photographies, médailles, affiches, portraits et lettres (notamment celle de l’investiture de François Mitterrand en 1981). Comme l’explique la directrice des Archives nationales, Isabelle Neuschwander, « les pages [composant cet ouvrage] s’apparentent davantage au récit qu’à la synthèse. Elles ne constituent pas, à proprement parler, une histoire des archives, un ouvrage institutionnel ou technique […]. Ce récit linéaire est celui d’une lutte opiniâtre […] pour sauver ce que l’homme a sans doute de plus fragile : sa mémoire ».
Mémoire collective
Dévolues, sous l’Ancien Régime, à la seule conservation des actes et de quelques documents royaux, les archives sont véritablement fondées en 1790, sous la Révolution française, dans l’effort de démocratisation qui la caractérise. Fer de lance d’une histoire qui s’écrit désormais au présent, Napoléon et la centralisation en révèlent un nouvel aspect : si les archives sont les traces de l’Histoire, leur conservation relève d’un choix d’organiser la mémoire. Le classement et le tri, dès lors, sont des choix politiques qui valorisent, amoindrissent voire effacent certaines traces historiques.
Entre conservation orientée et fondement démocratique, les Archives nationales présentent une structuration progressive en coïncidence avec la nécessité constante d’une extension de leur surface. Du premier inventaire à la mise au point de banques de données informatiques, les efforts en matière de conservation et de restauration ont été multipliés pour collecter et classer les sources. De Soubise à l’acquisition des hôtels alentour (Boisgelin, Rohan…), les avancées architecturales ont toujours été conduites dans le sens d’une utilisation et d’un accueil améliorés. Pourtant, ce n’est qu’à compter de 1979 qu’émergent les grandes lois sur les archives, lesquelles définissent enfin le rôle de cette administration.
L’histoire des archives, à travers ses différents aspects, témoigne d’une volonté renouvelée de conserver le passé. Les créations tardives mais tangibles des archives d’outre-mer à Aix-en-Provence en 1966, celles du monde du travail à Roubaix en 1993, attestent un besoin accru en transparence et impartialité. L’ouverture et la communication des archives au plus grand nombre (même si certains secrets d’État y échapperont toujours) parachève le projet : celui d’une mémoire collective où se tissent ensemble la connaissance du passé et le dessein à venir.
LES ARCHIVES NATIONALES, DES LIEUX POUR L’HISTOIRE DE FRANCE. BICENTENAIRE D’UNE INSTALLATION : 1808-2008, sous la direction d’Isabelle Neuschwander, Somogy Éditions d’art, Paris, 2008, 383 p., 45 euros, ISBN 978-2-7572-0187-9
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Les hauts lieux de la mémoire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°299 du 20 mars 2009, avec le titre suivant : Les hauts lieux de la mémoire