La Renaissance et ses glorieux artistes continuent de susciter de nomÂbreux livres. La synthèse de Jean Delumeau et Ronald LightÂbown, celle de Henri Zerner, l’ouvraÂge thématique de Steffi Roettgen et les monographies consaÂÂcrées à Fra Angelico, PisaÂnello, Léonard et Giorgione en témoignent, pour la plupart dans l’excellence.
Comment rendre compte dans son ensemble d’une période aussi riche que la Renaissance ? Dans le cadre d’une "Histoire artistique de l’Europe" dirigée par Georges Duby, Michel Laclotte et Philippe Sénéchal, Jean Delumeau et Ronald Lightbown, secondés par une vingtaine de spécialistes, ont relevé le pari. Seule une rigoureuse distribution des rôles pouvait permettre de le mener à bien en évitant l’écueil majeur de la superficialité. Aucune part n’est faite ici au rêve naïf de vouloir tout dire, et les auteurs font au contraire confiance au lecteur qui a charge de retrouver le point de vue focal en fonction de ses intérêts, comme le souligne dans sa préface Michel Laclotte. Le propos de Henri Zerner est bien différent puisqu’il se consacre à la Renaissance en France et, comme le précédent livre, ne se cantonne pas à la peinture et à la sculpture, mais envisage aussi le décor, le vitrail, la tapisserie… L’extraordinaire iconographie rassemblée ici montre, si besoin était, la formidable diversité qui caractérise l’époque et les jeux d’influences italiens qui contribueront à forger l’identité artistique française.
Les fresques et les maîtres
L’étude de Steffi Roettgen sur les fresques est en fait l’étude d’un véritable mythe qui s’est imposé dans la tradition occidentale et où se trouvent réunis tous les protagonistes de l’économie artistique de l’époque. Le commanditaire, prince ou prélat, l’artiste, ses assistants, les historiens commentateurs, le public mondain ou dévot participent à des entreprises collectives démesurées et parfois épiques. L’ouvrage ne s’intéresse pas seulement aux plus célèbres d’entre elles mais permet au contraire de découvrir des cycles méconnus des premières années du Quattrocento. Selon le principe de la collection Gallimard-Electa, on découvrira dans les moindres détails les fresques de Fra Angelico dans le couvent florentin de San Marco.
Le Louvre a récemment consacré une exposition aux dessins de Pisanello. L’ouvrage collectif publié sous la direction de Lionello Puppi donne une vision aussi complète que possible de l’œuvre du mystérieux maître padouan, dessinateur hors pair, peintre et médailleur de première importance, qui campe sur des frontières incertaines. Ce texte fait le point sur le corpus de ses œuvres, et on trouve notamment un catalogue des œuvres perdues et de celles qui ont finalement été rejetées, mais qui portent bien évidemment témoignage de son influence. Le cas de Giorgione est encore plus obscur, et il a fallu un travail de bénédictin à Jaynie Anderson (lire ci-contre l’interview de l’auteur) pour repérer toutes les pistes du labyrinthe que constitue son œuvre. Le catalogue raisonné complète une étude riche en détails, en hypothèses et en révélations. La présentation de Léonard de Vinci que donne Pietro C. Marani ne bouleversera pas les données de la connaissance que l’on a de la peinture de ce prodigieux artiste. Un texte sommaire et de rapides commentaires de reproductions font de cet album un produit de consommation courante.
- Jean Delumeau et Ronald Lightbown, La Renaissance, éditions du Seuil, collection "Histoire artistique de l’Europe", 400 p., 495 F. jusqu’au 1er janvier, 550 F. ensuite.
- Henri Zerner, L’art de la Renaissance en France, éditions Flammarion, 416 p., 495 F. jusqu’au 31 janvier, 595 F. ensuite.
- Steffi Roettgen, Fresques italiennes de la Renaissance, éditions Citadelles & Mazenod, 448 p., 1 180 F.
- Paolo Morachiello, Fra Angelico, les fresques de San Marco, éditions Gallimard, 346 p., 550 F. jusqu’au 31 décembre, 650 F. ensuite.
- Sous la direction de Lionello Puppi, Pisanello, éditions Hazan, 264 p., 495 F.
- Pietro C. Marani, Léonard, éditions Gallimard, 164 p., 280 F.
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Les défis de la Renaissance
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Les défis de la Renaissance