BANDE DESSINÉE. Vous êtes du genre torturé, jeune homme. Le galeriste, à qui Egon Schiele vient présenter ses travaux sur recommandation de son aîné et mentor Gustav Klimt, ne cache pas sa déroute devant l’œuvre naissante du jeune peintre.
Prononcée dès les premières vignettes du biopic dessiné que vient de signer Xavier Coste, cette simple bulle pourrait bien résumer tout l’intérêt que le dessinateur (et par ailleurs scénariste) a porté au représentant de l’expressionnisme viennois. Il faut bien admettre avec l’auteur que la fulgurance de la vie d’Egon Schiele – né en 1890, il est terrassé en 1918 par la grippe espagnole, trois jours après son épouse Edith Harms –, sa passion jamais rassasiée pour le beau sexe – dont le modèle de Klimt, Wally Neuzil –, son assurance confondue avec de l’arrogance et ses déboires avec la justice – en avril 1912, l’artiste est incarcéré vingt-quatre jours pour « pornographie et incitation à la débauche » – ne manquent pas du sel nécessaire pour faire d’une courte existence une intéressante biographie.
Dans ce premier album, Xavier Coste témoigne d’un sens certain du scénario et de la mise en cases. Son dessin, qui ne cache pas l’influence de Bilal, est vif et expressif, sans jamais tomber dans la parodie de Schiele. Osé parfois aussi dans ses raccourcis ou quand l’auteur prend une certaine liberté avec le réalisme, ne refusant pas quelques incursions dans l’abstraction. Le tout jeune illustrateur – il est né en 1989 en Normandie – prépare actuellement un deuxième biopic sur un autre personnage : Arthur Rimbaud, dont quelques planches sont visibles sur son site xaviercoste.com. Assurément à suivre…
Casterman, 72 p., 18 €.
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Le "Strip" d’Egon Schiele
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : Le "Strip" d’Egon Schiele