Le catalogue raisonné d’Amédée Ozenfant atteste d’une œuvre originelle puissante qui s’est progressivement délitée.
L’un des attraits du catalogue raisonné relève de sa lecture chronologique très précise de l’œuvre d’un artiste, plus complète que les ouvrages monographiques classiques. Près d’un demi-siècle après sa mort, Amédée Ozenfant dispose enfin de son catalogue, et l’on se demande, comment l’inventeur du purisme avec Jeanneret Le Corbusier a-t-il pu s’égarer sur des chemins de traverse aussi fâcheux ? Après des débuts très figuratifs, colorés et somme toute indéterminés, brusquement en 1916, le sujet tend à disparaître, les formes se simplifient, la grammaire puriste se met en place en très peu de temps. À cette époque, il théorise sa pratique picturale avec Le Corbusier dans plusieurs écrits. S’inscrivant après le cubisme, il en garde la géométrisation tout en recherchant la standardisation et la précision des formes qui trouvent leurs sources dans le monde industriel. Pendant une dizaine d’années, Ozenfant peint des variations très architecturées autour du thème des natures mortes aux bouteilles. Mais à partir de 1928, il commence à introduire des formes humaines dans certaines de ses compositions qui n’ont alors plus le même souffle que celles de la séquence puriste. Sa série des feux d’artifices dans les années 1950, puis celle des voiliers dans les années 1960 déroutent. Pourtant l’un de ses derniers tableaux, L’aqueduc, affiche quelques réminiscences du purisme originel. Le corpus des œuvres peintes est très limité – 370 numéros – et les auteurs, Pierre et Margaret Guénégan ont pu s’appuyer sur un répertoire établi par l’artiste lui-même, ainsi que sur les archives de sa galeriste Katia Granoff dont la famille détient de nombreuses toiles comme en témoignent les notices. Il peut aussi compter sur le soutien de Serge Lemoine qui s’est beaucoup investi pour faire sortir Ozenfant (dans les années 1970) de l’oubli dans lequel il était tombé, comme il le rappelle lui-même dans l’un des essais de l’ouvrage. Selon l’ancien patron du Musée de Grenoble puis d’Orsay, l’influence du purisme en peinture, en architecture et jusque dans la publicité avec Cassandre, est « considérable ». Malgré, un catalogue limité, l’ouvrage, complété par de nombreux documents et photos d’époque a du volume et un prix qui le réserve aux professionnels.
Lanwell & Leeds Ltd, 553 pages, 180 €
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Le purisme à l’épreuve du temps
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°386 du 1 mars 2013, avec le titre suivant : Le purisme à l’épreuve du temps