Le Musée du cinéma

Sérieux, le livre l’est par son poids et sa qualité d’impression. En matière de contenu, il offre 500 entrées en ordre alphabétique où se côtoient acteurs, réalisateurs, scénaristes, producteurs, ainsi que des grands noms du maquillage, du costume et des effets spéciaux. L’essentiel n’est pas dans les quelques lignes de texte, mais bien dans les illustrations en pleine page du cliché que la mémoire collective associe à chaque nom. Il va de soi que, dans un tel projet, la sélection risque de sembler arbitraire. C’est le cas ici, où le cinéma commercial hollywoodien donne le ton et l’exemple. Cela aurait peu de sens d’énumérer les personnalités qui n’y trouvent pas leur numéro (inutile de préciser qu’on y préfère Leonardo di Caprio à Bruno Ganz). Le plus curieux est le sort réservé au cinéma « alternatif » américain lui-même : s’il est désormais convenu de rendre hommage à John Cassavetes, voire à certains auteurs underground aujourd’hui célébrés par la mode, tels Andy Warhol et Kenneth Anger, l’abstraction d’un Paul Sharrits ou le féminisme d’une Maya Deren dépassent encore les limites du quota disponible. Excluant toute entrée thématique (termes techniques, tendances, écoles, etc.), l’ouvrage échappe résolument à la catégorie des dictionnaires d’initiation. Peut-être répond-il à une nouvelle acception du « beau livre » : un répertoire d’effigies de l’envergure du Musée de Madame Tussaud – l’effet de réalité en moins.