Livre

Le « Mazenod », une référence depuis 55 ans

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 23 septembre 2020 - 513 mots

Les livres aussi ont leurs institutions : La Pléiade, Zodiaque… Dans l’édition des livres d’art, cette institution porte un nom, le « Mazenod », celui du fondateur des éditions éponymes en 1936.

Après plusieurs décennies d’une collection de « Galeries des hommes célèbres », c’est en 1965 que l’éditeur Lucien Mazenod publie Préhistoire de l’art occidental, qu’il a confié à André Leroi-Gourhan avec lequel il avait déjà collaboré. Mazenod reprend les principes de « L’univers des formes », la collection tout juste initiée par Malraux, soit un beau livre d’art illustré par de nombreuses reproductions, mais étoffe le texte pour en faire un livre de référence et met un soin particulier à la qualité de l’impression et de la reliure. Son succès est immédiat. Préhistoire de l’art occidental est le premier titre d’une collection appelée à devenir une institution, « L’art et les grandes civilisations », qui s’enrichira désormais presque chaque année d’un nouveau titre, de L’Art grecà L’Art en Inde, en passant par L’Art de l’Égypte vendu, dit-on, à plus de cent mille exemplaires depuis sa première édition en 1968. Lorsque François de Waresquiel reprend les éditions en 1984, qu’il renomme alors Citadelles – il ne pourra y accoler le nom historique de Mazenod que plus tard, à l’issue d’une bataille juridique –, l’éditeur poursuit la collection tout en en imaginant de nouvelles. « Aujourd’hui, nous éditons 17 à 18 livres par an », explique Matthieu de Waresquiel, directeur général des éditions, dont un très bel ouvrage hors collection censé servir de locomotive annuelle. Malgré tout, le « Mazenod » continue d’assurer 25 % des recettes de Citadelles & Mazenod sans avoir pris une ride en 55 ans. « Le concept reste identique : un contenu scientifique irréprochable dans un bel objet imprimé sous coffret. Seule “la forme” a évolué avec les techniques d’impression, notamment le passage au tout couleur dans les années 1990 », assure Matthieu de Waresquiel. L’évolution du goût et de l’histoire de l’art a toutefois fait évoluer les choix des thèmes des ouvrages, c’est ainsi que la collection s’est enrichie d’un Art de la bande dessinée en 2012, et d’un Art brut en 2018, permettant au passage d’élargir le nombre de lecteurs potentiels. À quand un titre sur l’art urbain ? « On nous le réclame », confie Geneviève Rudolf, l’éditrice maison. Parallèlement, l’éditeur continue de mettre à jour d’anciens titres par de nouvelles éditions, en réalité de nouveaux ouvrages adoptant une approche plus dans l’air du temps, moins formaliste et croisant les disciplines, à l’instar de L’Art du XIXe siècle, dirigé par Bertrand Tillier en 2016, loin de l’édition de Françoise Cachin de 1990. Pourtant, aussi institutionnel soit « L’art et les grandes civilisations », chaque nouveau titre reste un pari : les quatre ou cinq années de travail nécessaires et le coût moyen de 200 000 euros pour la réalisation d’un livre ne garantissent pas que le titre trouve ses lecteurs. Or, sachant qu’un titre de la collection coûte en librairie 205 euros, il faut vendre en moyenne 50 % des 4 000 exemplaires du premier tirage pour qu’un titre soit rentable, assure Matthieu de Waresquiel, qui ajoute pour se rassurer : « Mais on adore réimprimer. »

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°737 du 1 octobre 2020, avec le titre suivant : Le « Mazenod », une référence depuis 55 ans

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