L’ouvrage en impose et l’intention est manifeste dès le premier abord : ce ne sont pas seulement les quarante ans d’activité du galeriste que l’on célèbre ; il s’agit aussi d’installer Daniel Templon parmi les plus grands marchands d’art contemporain.
Dès lors tout doit concourir à cet objectif. Avec près de 700 pages imprimées sur un papier de fort grammage, le livre doit bien peser trois kilos. La maquette (réalisée par l’agence qui a conçu la nouvelle formule de L’œil) est efficace : elle tire davantage du côté du magazine que de l’édition savante. Les nombreuses reproductions d’œuvres vendues par la galerie sont autant de témoignages de l’œil affûté du marchand.
Portrait psychologique
Cette somme n’est pas un catalogue raisonné des expositions de Templon depuis 1966, mais s’en approche. Plus de 270 manifestations sur les quelque 400, ce n’est déjà plus une anthologie. On devine en creux les sympathies du galeriste, réputé rude, pour ses artistes. Rien sur Patrice Giorda alors que Ben, Jean Le Gac, Bernard Venet, François Rouan ou Louis Cane bénéficient de nombreuses pages. Les choix du galeriste sont encore plus manifestes : la peinture et l’art américain.
Daniel Templon le dit sans détour dans un entretien publié en préambule, il aime la peinture et assimile les nouveaux médias à de l’entertainment, en clair des amusettes. Il promeut, et on lui en a fait souvent le reproche, les artistes américains du Pop Art, du minimalisme ou de la Nouvelle Figuration actuelle. Du reste, le sommaire dit bien cette double préférence. Trois expositions seulement bénéficient chacune de six pages : « Andy Warhol » (1980), « Roy Lichtenstein » (1985) et « Paul Rebeyrolle » (1992).
Ce « bilan », comme il est intitulé dans le portrait hagiographique du début, constitue aussi un corpus instructif sur la critique d’art depuis quarante ans. Chaque exposition est en effet commentée par un article de l’époque. Sans surprise, Catherine Millet, sa compagne des premiers jours avec qui il a fondé la revue militante Art Press, est souvent reprise dans les expositions des années 1970. Puis c’est Philippe Dagen, l’influent chroniqueur qui prend le relais dès 1983, voire même Philippe Piguet, collaborateur de L’œil.
Alors, bilan d’étape ou bilan final ? Templon ne veut « montrer que les meilleurs » et réfute toute « vaine course à la nouveauté pour la nouveauté ». Peut-être faut-il accepter l’évidence, les choix sont toujours générationnels.
40 ans – Galerie Daniel Templon, Communic’ART, 688 p., 1 000 ill., 65 €.
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Le catalogue manifeste de Daniel Templon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°586 du 1 décembre 2006, avec le titre suivant : Le catalogue manifeste de Daniel Templon