L’essai d’Emmanuel Pernoud n’est ni une histoire iconographique exhaustive des pratiques sexuelles liées à la prostitution, ni véritablement une histoire du bordel à travers ses représentations peintes, mais plutôt une interrogation sur les implications esthétiques d’un thème qui a bouleversé le goût moderne, d’où le sous-titre : « L’art contre le goût ». Etant donné l’importance tant socio-politique que philosophique du libertinage au XVIIIe siècle, l’auteur a choisi comme point de départ la pornographie de l’époque romantique, date à laquelle se met en place une conception de l’homme très différente de celle des Lumières, pour continuer sa recherche jusqu’aux œuvres des années 1940 de Francis Picabia. A travers des œuvres jugées exemplaires (entre autres celles de Courbet, Rops, Manet, Degas, Toulouse-Lautrec, Van Dongen, Rouault, Picasso, Grosz, Dix...), mais aussi des caricatures, des dessins, des illustrations de presse, Pernoud dégage ce qu’il nomme, à la suite de Baudelaire, une sorte d’« argot plastique » où la confusion volontaire des genres et des styles artistiques contribua à la constitution de la peinture moderne. Analysant ces thèmes licencieux qui font apparaître en pleine lumière et sans interdit des structures relationnelles et morales cachées par la société, Emmanuel Pernoud voit se cristalliser dans le petit monde du bordel non seulement la subversion du social, mais surtout de nouvelles approches picturales qui furent fécondes par-delà le sujet qu’elles avaient osé traiter ouvertement.
- Emmanuel Pernoud, Le bordel en peinture, éd. Adam Biro, 146 p., 80 ill. dont 40 coul., 290 F.
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Le bordel en peinture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°526 du 1 mai 2001, avec le titre suivant : Le bordel en peinture