ESSAI - Est-ce un hasard si Goya mettait en vente sa série de gravures Les Caprices le 6 février 1799, à la fois mercredi des Cendres et jour ultime du dernier carnaval du siècle ?
Pas pour les auteurs Victor I. Stoichita, professeur d’histoire de l’art moderne et contemporain à l’université de Fribourg, et Anna-Maria Coderch, historienne de l’art et traductrice, qui décident de remonter le temps pour saisir la symbolique du thème carnavalesque au XVIIIe siècle. Deux héros sont au cœur de cet ouvrage philosophique bien mené : le peintre Francisco de Goya (1746-1828) et le Marquis de Sade (1740-1814), tous deux « à cheval sur le siècle » et qui incarnent parfaitement cette réflexion sur les rites de passage et le « renouveau du temps » propre à la « Grande Fête ». D’un côté, les tableaux de l’artiste espagnol représentant cette tradition festive comme L’Enterrement de la sardine peint en 1816, de l’autre, les orgies de l’écrivain français célébrant « la licence, l’excès, le renversement, le travestissement », autant de caractéristiques du carnaval où « chacun n’a d’autre ici que son plaisir » dans ces formes de débauches populaires. Finalement, les eaux-fortes vendues ce jour-là ont mis fin à ce monde sans loi, à l’instar de la Révolution, pour en faire éclore le monde moderne.
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À l’aube du monde moderne
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Abonnez-vous dès 1 €Victor I. Stoichita et Anna-Maria Coderch, Hazan, 456 p., 29 €.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°694 du 1 octobre 2016, avec le titre suivant : À l’aube du monde moderne