L’armada de bronze décryptée

Ces exceptionnelles cases de BD ont été fondues avec les 200 tonnes de canons saisis à l’armée austro-russe et relatent la bataille d’Austerlitz en une étourdissante spirale de 220 mètres. Sa construction a mobilisé 32 sculpteurs dont Rude et Clodion. Monument commémoratif hors norme, son destin se confond avec celui de la France puisqu’elle est autant un phare historique qu’une rescapée des convulsions politiques. Érigée à la gloire de la Grande Armée, elle est intimement liée à la geste napoléonienne et a donc suscité autant l’admiration que la controverse.

Inaugurée en 1810, elle est décapitée à peine quatre ans plus tard à la chute de l’Empire. Son effigie sommitale, un superbe bronze façonné par Chaudet, est fondue et remplacée par un drapeau fleurdelisé. Sous la monarchie de Juillet, c’est une nouvelle statue de Napoléon sous les traits d’un petit caporal commandée à Seurre qui prend place au sommet du mât jusqu’à ce qu’elle soit elle aussi remplacée. Tout au long du XIXe siècle, ce monument focalise l’attention et cristallise les tensions jusqu’à ce qu’il soit carrément abattu par les Communards. Heureusement, la majorité des fragments de bronze a pu être conservée, et la colonne reconstruite et copieusement patinée afin de gommer les cicatrices.

Une récente restauration a permis de retrouver enfin la lisibilité de ce monument et de procéder à une étude inédite et une campagne photographique exceptionnelle. Un ouvrage appelé à faire référence livre les résultats de ce chantier historique. Donnant la parole aux meilleurs spécialistes de la colonne, ce très beau livre raconte le destin aussi passionnant que mouvementé du monument et divulgue de nombreux documents. Il livre notamment les dessins originaux du programme iconographique et décrypte des scènes qui sidèrent par leur degré de raffinement et de précision. Une chose est sûre, vous ne verrez plus jamais la colonne du même œil !