Un artiste de grand talent longtemps méconnu : la place de Mikhaïl Larionov au sein de l’avant-garde russe pendant les années qui précédèrent la Première Guerre mondiale, est certes assurée, mais son œuvre reste peu connue en Occident. Une rétrospective de l’œuvre de Larionov et de sa femme Natalia Goncharova aura lieu en 1995 au Centre Georges Pompidou.
Anthony Parton vient de publier un ouvrage qui comprend de nombreuses reproductions de tableaux à l’huile de Larionov venant des collections russes. Il complète la monographie de Waldemar Georges (1966) qui reproduisait essentiellement des œuvres de collections occidentales. Waldemar Georges connaissait l’artiste depuis les années vingt et avait été séduit par les histoires que propageait Larionov pour faire croire que son invention du Rayonnisme, une forme proche de l’abstraction, avait anticipé les recherches des futuristes italiens et autres modernistes. À l’opposé, Parton écrit une histoire précise, en citant des extraits de journaux d’époque publiés en Russie, dont beaucoup sont écrits par Larionov lui-même, ou le citent. Parton fait un récit crédible des débuts de la carrière du peintre, qu’il étudie dans tous ses détails. Cependant, s’appuyer sur les livres que contenait la bibliothèque de Larionov pour prouver l’antériorité de ses recherches est moins convaincant puisque les dates d’achat de ces ouvrages sont inconnues et peut-être postérieures à son départ de Russie.
Le Rayonnisme
Tout en reconnaissant certaines racines du futur constructivisme russe dans les peintures et les théories rayonnistes de Larionov, Parton s’enthousiasme à juste titre sur les tableaux néo-primitifs de l’artiste, qui datent des trois années précédant la Première Guerre. En identifiant les multiples sources de ces œuvres, Parton en conclut que le choix par Larionov de thèmes communs aux cultures primitives pourrait être l’écho des recherches contemporaines du poète Velimir Khlebnikov sur des sons universels se retrouvant à la base de toutes les langues.
Parton aborde également la question du grand nombre de pastels attribués à Larionov, "découverts" dans le milieu des années 80, et contestés par des chercheurs après leur exposition à Francfort en 1987 et à Genève en 1988. Il fait état de leur catalogue, parmi d’autres, en annexe, mais oublie de mentionner les pastels authentiques de la collection du musée russe de Saint-Pétersbourg. Néanmoins, Parton a le mérite de faire revivre Larionov et propose une évaluation de sa carrière que l’on attendait depuis longtemps.
Anthony Parton : Mikhail Larionov and the Russian Avant-Garde (Thames and Hudson, London, 1993) 254 p. 216 illustrations en noir et blanc, et 30 en couleur. 36 £. (315 F).
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Larionov controversé jusqu’au bout
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Larionov controversé jusqu’au bout