Beaux livres

L’architecture médiévale

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 11 avril 2012 - 538 mots

Divers ouvrages mettent à l’honneur l’époque médiévale, des églises romanes normandes à la création monumentale parisienne flamboyante.

Œuvrant depuis dix ans au Centre André-Chastel, Étienne Hamon, archiviste, paléographe, professeur d’histoire de l’art médiéval à l’université de Picardie - Jules-Verne, signe une enquête historique sur la création monumentale à Paris autour de 1500. L’ouvrage paru aux éditions Picard tend à montrer que « Paris fait figure de pièce maîtresse, à l’échelle du royaume sinon de l’Europe, dans l’embellie d’une ampleur inédite que les arts monumentaux ont connue vers 1500 ». À cet effet, l’auteur revisite et décrypte les principaux chantiers parisiens de l’époque, regroupés selon leurs fonctions principales : les logis, palais et fondations de la commande royale, les lieux du savoir (université, collèges et mendiants), les établissements religieux et hôpitaux, les infrastructures de la ville et autres éléments témoins des ambitions urbanistiques du moment, les hôtels particuliers, les églises et chapelle et, enfin, un chapitre sur le décor sculpté, composante essentielle de l’architecture flamboyante. Dans une deuxième partie, Étienne Hamon met en lumière les auteurs de ce patrimoine flamboyant. Il propose ainsi de palier les manques de sources écrites et lance différentes pistes pour répondre aux épineuses questions des attributions. L’ensemble de ces réflexions conduit à considérer les décennies 1490 et 1500 comme une étape cruciale de l’histoire de l’art parisien.

Spécificité normande
L’architecture médiévale est encore à l’honneur aux éditions Picard, mais il faut cette fois remonter le temps et quitter Paris pour rejoindre la Normandie, dont les églises romanes ont fait l’objet d’une monographie signée de l’historienne Valérie Chaix. Cette dernière analyse les rapports entre les formes architecturales et la fonction liturgique et symbolique des édifices religieux érigés au XIe siècle sur un territoire ayant l’avantage de constituer une entité politique et géographique bien définie, relativement stable, dotée d’une activité artistique intense. « L’association formes et fonction s’avère toujours séduisante pour l’historien de l’art, note l’auteure, une telle démarche permet de dépasser l’approche morphologique des édifices, d’en appréhender la genèse et de reconstituer le déploiement des activités humaines en leur sein. » Son étude se concentre sur dix-huit édifices significatifs, bien documentés par les sources écrites ou des rapports archéologiques.

Après avoir passé au crible la morphologie de chaque monument, Valérie Chaix se penche sur l’utilisation matérielle d’une église : les cultes qui y sont pratiqués mais aussi la répartition de chacun selon son statut social, l’organisation des déplacements en son sein et le rôle symbolique que peuvent jouer certains éléments. Tandis que se dessine, au fil des pages, une spécificité normande, l’auteure ouvre la voie à de nouvelles recherches pour les historiens de l’architecture.
Signalons enfin la parution de Saint-Germain-des-Prés, un petit ouvrage sur l’église parisienne ayant bénéficié d’une nouvelle campagne photographique pour ses chapiteaux, témoignages majeurs de la production artistique architecturale de l’an mil dans la capitale.

- Étienne Hamon, Une capitale flamboyante, la création monumentale à Paris autour de 1500, éditions A. & J. Picard, Paris, 2011, 320 p., 61 €, ISBN 978-2-7084-0909-5.

- Valérie Chaix, Les églises romanes normandes, éditions A. & J. Picard, 2011, 360 p., 70 €, ISBN 978-2-7084-0913-2.

- A. et A.-B. Erlande-Brandenburg et J.-F. Amelot (photographie), Saint-Germain-des-Prés, éditions A. & J. Picard, 2011, 128 p., 35 €, ISBN 978-2-7084-0913-2.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°367 du 13 avril 2012, avec le titre suivant : L’architecture médiévale

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