La pointe du regard

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 18 novembre 2015 - 223 mots

Gravure - Olivier Rolin et Érik Desmazières : l’un est écrivain, l’autre graveur. Tous deux ont déjà collaboré ensemble à la demande de la Bibliothèque nationale de France, qui leur commandait en 2006 un livre sur les Globes de Coronelli (Une invitation au voyage). Ils renouvellent l’expérience dans la collection Fiction & Cie aux éditions du Seuil, cette fois pour accomplir un voyage dans le petit ; pour, écrit l’auteur du Tigre en papier, « tenter le portrait de menues choses ». Car, prévient-il, « on ne voit vraiment que lorsqu’on a trouvé les mots ». Ces mots, Rolin les met alors au service de la pomme de pin, du galet, de la plume, de l’os de seiche, de la mouche et de la noix, dont il dresse le menu portrait en quelques pages. Écoutons-le décrire l’artichaut : « Au bout d’une tige cannelée, donc, un involucre ou capitule aux bractées serrées, d’un vert bronze infusé de violet, se chevauchant l’une l’autre à la façon de tuiles. » Et regardons ensuite la pointe-sèche de Desmazières donner ses formes aux mots de l’écrivain, leur conférer la sensualité du regard lorsqu’il faut décrire l’asperge de Manet, ce « mince phallus végétal ». Pourquoi la gravure ? Mais, parce que « l’écriture requiert de la précision, la gravure, art de patience et de discrétion, aussi ».

Olivier Rolin, Érik Desmazières, À y regarder de près, Seuil, 128 p., 25 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°685 du 1 décembre 2015, avec le titre suivant : La pointe du regard

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