Thomas Crow nous livre le fruit d’un travail de première importance ; une interprétation historique étayée de la scène artistique au XVIIIe siècle. Il retrace la création du Salon, en 1737 au Louvre, qui accueille mondains et gens du commun pour une vaste exposition de tableaux. Si jusque-là l’artiste était en relation avec le monarque, l’académie ou l’amateur éclairé, un nouveau rapport s’instaure avec le public qui devient un agent décisif de l’histoire de l’art. La diatribe, en 1747, de La Font de Saint-Yenne, premier représentant de la critique d’art moderne, revendique son importance : « Ce n’est donc que dans la bouche de ces hommes fermes et équitables qui composent le public, et qui ne tiennent aux auteurs, ni par le sang, ni par l’amitié, ni par la protection, que l’on peut trouver le langage de la vérité ». Malgré la censure de l’Académie et des autorités, une émancipation progressive de l’opinion a lieu. Un marché privé se développe, boudant le rococo et privilégiant de nouveaux types de peintres, tels l’énigmatique Watteau, le populaire Greuze, ou le démocrate David placé « entre Shakespeare et Corneille ». Des « leaders d’opinion » apparaissent, bientôt remplacés par les pamphlétaires qui s’opposent violemment à la monarchie. Le Salon devient l’emblème de la « nation » française, trahie par un gouvernement corrompu et despotique.
Thomas Crow, La peinture et son public à Paris au XVIIIe siècle, éd. Macula, 335 p., 125 ill. N&B, 250 F, ISBN 2-86589-030-9
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La peinture et son public à Paris au XVIIIe siècle
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°524 du 1 mars 2001, avec le titre suivant : La peinture et son public à Paris au XVIIIe siècle