Livre

Dessin

La peau de Dado

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 21 février 2019 - 333 mots

PARIS

En 1970, le Fonds national d’art contemporain acquiert auprès de la Galerie André-François Petit La Grande Plage bleue, une huile sur toile peinte un an auparavant par Dado (1933-2010).

Le Fnac la conservera quatorze ans avant d’en faire le dépôt au Musée des beaux-arts de Pau, où elle est exposée depuis. Les Palois connaissent donc bien cette œuvre difficile, aussi imposante (4,05 x 1,62 m) qu’importante pour l’artiste monténégrin. Ses êtres, pardon, ses monstres pétrifiés et démembrés, enveloppés d’une lumière bleue irradiante dans un désert de désolation, traduisent bien la sombre vision de l’humanité portée par cet artiste au parcours accidenté. Cette toile est à l’origine de la rétrospective que la nouvelle directrice du musée, Aurore Méchain, consacre aujourd’hui à Miodrag Djuric, alias Dado. Si les plus de quatre-vingt-dix œuvres réunies montrent l’étendue des possibles chez Dado (peintures, dessins, gravures et collages), l’exposition insiste sur le volet graphique de cet artiste que la commissaire juge « littéralement génial ». On s’en réjouit, tant Dado, on le sait, fut un virtuose du dessin. Son trait précis et sa mine acérée, héritage de sa formation académique, rivalisent avec les plus grands maîtres du genre : Grünewald, Dürer et Mantegna, que le catalogue de l’exposition cite à raison. On ne comprend dès lors pas pourquoi l’« Abécédaire Dado » de ce même ouvrage oublie le mot « dessin ». Une absence qui s’explique en réalité par l’origine de ce chapitre, conçu à partir d’« enregistrements sur cassette » menés avec l’artiste en 1981. Heureusement, le « papier » n’est, lui, pas oublié. À son propos, Dado dit ceci : « L’âge du papier, c’est un peu comme une peau d’une personne, la peau d’un enfant, ceux qui ne sont plus. La touche du papier, c’est d’une grande sensualité le papier. » Cette « peau », les très belles illustrations du catalogue Dado, De l’intime au mythe,édité par le musée, parvient admirablement à la restituer. À défaut d’aller à Pau, on se procurera donc le livre de l’expo, dont le seul feuilletage parviendrait presque à vous donner la chair de poule…

Dado, De l’intime au mythe,
114 p., 20 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : La peau de Dado

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