Comment classer cet ouvrage de Baldine Saint Girons en dehors des « marges » des traditionnelles histoires de l’art ? Loin de la linéarité des écoles artistiques, cette spécialiste du « sublime », professeur d’esthétique à l’université, aborde la peinture sous l’angle de la nuit. La démarche n’est sans doute pas nouvelle, on se souvient de l’exposition munichoise de 1998 ; mais elle reste originale et, ce qui ne gâte en rien la lecture, pleine d’intelligence.
Comme on pourrait d’abord le penser, la nuit n’est pas l’ennemie de la peinture, de la gravure et de la photographie. Au contraire, elle porte en elle les conditions de leur renouvellement. Après Gérard de Saint-Jean qui, selon Panofsky, peignit en 1485 le plus ancien vrai nocturne, les maîtres de l’obscurité incarnent chacun une « crise » de la représentation, de Greco à Vuillard, de Dürer à Rembrandt, de Coburn à Brassaï. Poussin ne vit-il pas avec Caravage la destruction de la peinture ? Qu’aurait-il pensé de Redon ou de Michaux ? Pourtant, la nuit est bien l’une des protagonistes, avec Corinthia qui dessine les contours de son amant endormi, du mythe fondateur de la peinture (Pline). C’est qu’elle porte en elle la possibilité d’une autre perception, d’une autre lumière.
Baldine Saint Girons, Les Marges de la nuit, Les éditions de l’amateur, 176 p., 45 €.
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La nuit sous la lumière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°592 du 1 juin 2007, avec le titre suivant : La nuit sous la lumière