Walter Benjamin inaugure en 1931 avec sa Petite histoire de la photographie l’incursion de la photographie dans le champ critique et théorique. C’est à cette irruption dans le discours que Damisch prête toute son attention dans un recueil de textes étendus sur quarante ans et consacrés à la photographie et au cinéma. Il y examine Barthes, Benjamin ou Rosalind Krauss, révélant par là même son propre parcours critique sur le sujet. Ouvrant l’essai sur une phénoménologie possible de l’image photographique, Damisch laisse derrière lui le débat toujours recommencé du statut de la photographie et de son introduction dans la continuité de l’histoire de l’art, en abordant par le prisme analytique sa pratique, sa nature et ses enjeux. Apparaît alors en filigrane le principe de la dénivelée, différence de potentiel ou rupture de niveau développé dans un très beau texte consacré à Denis Roche. Rupture dans le discours, la théorie et la pratique artistiques, à la venue de la photographie. C’est sur cette pente, dans cet écart que se glisse Damisch, donnant corps à un espace dynamique et dialectique nouveau. Il y interroge l’image photographique, qu’il noue alors avec la peinture, l’architecture, la psychanalyse, l’histoire ou l’écriture, la dénivelée étant la dynamique même des liens tissés ou non entre eux. Redoublant de distance, Damisch opère finalement à une relecture du discours sur la photographie. A coups de redoutables chevauchées syntaxiques, il lui arrive même parfois de distancer le lecteur. Essoufflé, mais repu.
n Hubert Damisch, La Dénivelée, à l’épreuve de la photographie, éd. du Seuil, 240 p., 18 €.
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La Dénivelée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°533 du 1 février 2002, avec le titre suivant : La Dénivelée