L’artiste allemande, née en 1867, n’a pas encore appris le décès de son fils, mort à la guerre. Elle ne l’apprendra que le 30 octobre par ces simples mots : « Votre fils a été tué. » Commencé en 1908 et tenu plus ou moins régulièrement jusqu’en 1943, deux ans avant la disparition de l’artiste, le journal suit à la première personne la vie et la carrière de la sculptrice et dessinatrice qui consacra dix-sept années à la réalisation d’un monument pour Peter :
Les Parents en deuil. Tout y est consigné : ses collaborations, ses expositions, son engagement social – « 6 septembre 1909 : Le dessin de la femme qui va se noyer est presque terminé. Maintenant je fais la femme en train de mendier. » –, ses lectures, ses opinions esthétiques – « [Keyserling] s’en prend à l’expressionnisme et dit que le peuple allemand, après la guerre, a moins que jamais besoin d’un art d’atelier sophistiqué. Ce dont il a besoin, c’est d’un art de la réalité. » –, comme le rejet de son œuvre « dégénérée » par les nazis. Témoignage d’une grande beauté,
Journal, 1908-1943 est précédé d’une présentation factuelle de la vie de Käthe Kollwitz par la romancière Sylvie Doizelet et d’un précieux cahier de reproductions qui font de ce livre plus qu’un journal, une introduction à l’art de l’une des artistes les plus passionnantes du XXe siècle.
Käthe Kollwitz,
Journal, 1908-1943, L’atelier contemporain, 312 p., 25 €.