PARIS
Entrtetien avec Joce Mienniel. Flûtiste, saxophoniste, compositeur, arrangeur… Artiste boulimique, il associe volontiers sa musique à des images vidéo. Ses sources d’inspiration sont nombreuses, de Mondrian à l’art cinétique, en passant par Soulages.
Joce Mienniel - J’ai été cuisinier avant d’être musicien. Il me semble que la cuisine et la musique sont deux arts proches, on y cherche des choses inconscientes, de l’ordre du souvenir archaïque. J’ai même créé le festival « La grande table ! », qui les unit. Si elle est un art gustatif, la cuisine est aussi un art visuel. J’ai toujours aimé croiser la musique avec des formes d’art visuel. Je joue d’un instrument vieux comme l’humanité qui est aussi l’instrument des chamanes. Donc, je crois qu’il y a une histoire à raconter. On peut la raconter juste en musique, mais on peut aussi aider l’auditeur en lui proposant des images, des parfums, des saveurs, plein de choses autour.
Le rapport musique-image m’a toujours subjugué. Aussi, lorsque j’ai commencé à composer, j’avais en tête des images. Non seulement des images mobiles, du cinéma, mais de la matière également. Quand j’ai écrit mon album Tilt, j’étais très en lien avec la couleur noire et la matière brute des Outrenoirs de Pierre Soulages. Je cherchais à entrer en profondeur dans une matière organique, comme un regard de très près sur un point de détail dans un tableau. Dernièrement, j’ai créé un spectacle musical où je suis seul en scène derrière un grand écran de tulle, et où le vidéaste Romain Al’l projette des images sur moi. Cela s’appelle « Dans la forêt », c’est un mélange entre la forêt végétale et la forêt urbaine.
Avec ce vidéaste, qui est aussi photographe, on a travaillé sur les géométries, parce que je suis un fou d’architecture : j’adore les lignes et les volumes dans les paysages urbains ou postindustriels. Romain a créé un mouvement circulaire perpétuel qui correspond à ma musique, très influencée par les musiques minimalistes américaines. Sur scène, j’empile des couches musicales et je joue avec ce mouvement répétitif, et ces images qui défilent autour de moi comme dans un kaléidoscope.
Rien de précis, à part, peut-être, un dispositif dans une pièce de Steve Reich, avec un batteur derrière un rond en tulle qui se dédouble lorsqu’une image décalée est projetée sur lui. L’image derrière un tulle a quelque chose de très fantomatique, comme derrière un écran de fumée. C’est assez mystérieux, chamanique.
Ce qui me touche vraiment, ce sont les peintures non figuratives. Quand j’étais jeune, on voyait des images de Vasarely partout… J’étais complètement happé par ces images, et j’en ai gardé un goût pour l’art cinétique. Mais je suis aussi un fou de Gerhard Richter, de Nicolas de Staël et, dans un autre genre, du Bauhaus, de Mondrian… J’ai même composé sur une toile de Mondrian avec des portées en verticalité et en horizontalité. Je vois beaucoup d’expositions. En tournée, dès que je peux, entre une balance et un concert, j’aime bien trouver une exposition à visiter. Il y a toujours des fonds d’art contemporain dans les villes où je joue, et j’aime y trouver des idées pour de nouveaux spectacles ou des compositions, tout simplement.
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Joce Mienniel : « On peut aider l’auditeur en lui proposant des images, des parfums…»
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Joce Mienniel : « On peut aider l’auditeur en lui proposant des images, des parfums…»