Itinéraire d’un photoreporter

En amont, le temps de l’investigation vient en appui, le contrechamp en optique de ses documentaires. En vingt ans, la palette de sa narration a évolué d’une série à une autre sans perdre sa texture, ni sa matière. Par bribes, le photojournaliste, membre fondateur du collectif L’Œil public, a raconté l’arrière-cour de ces travaux. Les entretiens menés sur trois ans par Sophie Bernard, ancienne rédactrice en chef d’Images magazine, apportent pour la première fois une vision d’ensemble de son parcours depuis l’enfance. Mais surtout, ils sont un témoignage d’un photojournaliste né en 1970, arrivé au début des années 1990 en pleine crise de la presse et refonte de ce métier, où il ne suffit plus de répondre à une commande d’une agence photo ou d’un journal, mais de raconter, d’éditer autrement les histoires, de leur donner d’autres formes, tout en cherchant ailleurs des débouchés pour vivre et mener à bien ses sujets personnels. Ce que remettent en perspective Michel Poivert, dans son introduction, et Guillaume Herbaut, dans ses réflexions, au fil de onze chapitres courts et fluides que viennent conclure à chaque fois des photos. De bout en bout, il y a aussi la sincérité d’un homme qui, dans le sillon de nombre de photoreporters et de membres de collectifs qui ont précédé L’Œil public, ne peut vivre sans photographier, ni coller au plus près de ce qui marque l’histoire de son époque.