que l’homme descende du singe, de l’arbre ou de l’échelle, il se manifeste comme le centre de son univers.
quel que soit son rapport à son environnement et quel qu’en soit le concept ou la jauge, il en sert d’étalon. en tout et pour tout, l’homme se mesure, au singe, à l’arbre, à la nature, celle qui s’étend, celle qui s’écoule, celle des choses, quand ce n’est pas tout simplement la sienne. exister, c’est alors se différencier, faire des différences, se situer sur un gradient allant de l’un à l’autre de ses opposants. des notions de valeurs, d’ordres de grandeur, de moyens de faire du beurre, des degrés de profondeur, inférieur, supérieur, forgent son esprit critique. il lui permettra de juger sans limite de ses précédents comme de son prochain et de les disposer chacun entre deux signes mathématiques du plus petit au plus grand. cette aptitude bien pratique à se centrer, cette faculté qui départage, qui tranche et qui situe, qui met de l’ordre, s’étend de proche en proche à toute l’espèce et y détermine les philosophies, les techniques et les arts, dont le propre sur la nature est de la dénaturer. l’acte est fondateur de toute humanité et du bord de l’abîme qu’il se crée, il n’y aurait plus qu’un pas à sauter pour en faire le propre de l’homme. afin d’aborder l’humanité dans son architecture, c’est donc d’échelle dont il est question dans cette anthologie. de celle, des grandeurs. celle qui constitue le niveau d’un regard. elle réduit un infini, et l’ensemble des particularités, en un registre de pensée. en objet. en symbole. il nous faudra près de cent vingt textes pour en prendre la mesure. près de cent vingt auteurs, succédant l’un à l’autre comme autant d’échelons vers une distinction. philosophes, techniciens, artistes, tous artisans d’un point de vue de l’homme envers son univers, travaillent à prendre de la hauteur sur cette question de fond. si manifestement la place de l’homme n’est plus à prendre, celle de l’univers, elle, reste indéterminée. car nous savons depuis blaise pascal reconnaître ce qu’est « une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part ».
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Nadja Maillard,
Questions d’échelle sans commune mesure, anthologie littéraire,Actes Sud, 535 p., 29 €.
Cet article a été publié dans L'ŒIL
n°716 du 1 octobre 2018, avec le titre suivant : A grande échelle