François-Joseph Bélanger

Et même un peu plus que cela. Pour ses contemporains, c’était en effet presque un magicien, celui qui a réussi le miracle de Bagatelle. Sa carrière a de fait été lancée par le défi fou adressé par Marie-Antoinette à son beau-frère, le comte d’Artois, de bâtir un château dans le bois de Boulogne en moins de trois mois ! Pari remporté haut la main avec ce délicieux pavillon de plaisance néoclassique qui a survécu aux tourments de l’histoire. Propulsé par cet exploit, Bélanger devient l’architecte à la mode, celui que la cour, puis le Tout-Paris, s’arrachent. Il décroche ainsi de prestigieux projets de construction de luxueuses demeures et de somptueux jardins. Sa gloire est d’ailleurs si grande que, bien qu’architecte d’un prince du sang et membre éminent du département des Menus Plaisirs de la Maison du roi, il ne connaît pas de disgrâce après la Révolution française. Au contraire, il poursuit sa trajectoire, mais en se réinventant constamment. Accompagnant l’évolution de la société, il conçoit des lotissements, des salles de spectacles, mais aussi des abattoirs et des bains publics. Artiste à la fibre expérimentale, il est aussi un des premiers à introduire le fer et la fonte, comme en témoigne encore la halle aux blés de Paris, qui abrite aujourd’hui la Fondation Pinault. Sa carrière passionnante, à cheval sur les derniers feux de l’Ancien Régime et de l’Empire, a été célébrée en 2018 lors d’un colloque international organisé par l’Institut national d’histoire de l’art et le château de Maisons. Les éditions Picard ont eu l’excellente idée de publier cet événement académique non pas sous la forme d’actes de colloque, mais d’un beau livre. Cette monographie passe ainsi en revue l’ensemble de sa riche production dans des études pointues mais généreusement illustrées. Un ouvrage à lire autant qu’à feuilleter pour la qualité de ses reproductions pleine page de dessins et de plans.