À l’époque de Dada, Picabia prenait violemment à partie le marchand Léonce Rosenberg qu’il tenait pour l’un des principaux responsables de la dérive du cubisme vers le retour à l’ordre. À partir de 1929, Rosenberg devient le très actif promoteur de l’œuvre de Picabia, son soutien moral et financier.
Dans les dix années qui suivent, Rosenberg organise plusieurs expositions personnelles et assure sa présence quasi permanente sur les cimaises de l’« Effort moderne », obtient de nombreuses transactions et fait participer son peintre à l’ensemble décoratif de son appartement de la rue de Longchamp. La correspondance qu’ils échangent, très nourrie pour les années 1929-1933 notamment, couvre essentiellement la période des Transparences, l’une des moins documentées dans la carrière irrégulière de l’artiste. Comme le confirment ses déclarations, Picabia, après les excès de Dada, traverse alors une phase de réenchantement de sa peinture. Visiblement fasciné, Rosenberg l’accompagne, en marchand mais aussi en ami fidèle et scrupuleux, alors même que ses préférences de l’époque le tournaient de plus en plus vers les développements du cubisme et de la peinture abstraite. Les tirades de Picabia sur le sublime, l’idéal et l’absolu trouvent un écho accueillant chez Rosenberg qui ne craint pas de mobiliser l’ésotérisme et la théosophie pour orienter la réception de l’œuvre de son poulain. L’extravagante conférence de Vivian du Mas, gourou de la famille Rosenberg, sur la dimension magico-spirituelle des Transparences, est intégralement reprise ici. Ce n’est pas la pièce la moins intéressante de l’important appareil documentaire qui accompagne cette correspondance, la replaçant utilement dans son contexte général.
Francis Picabia, Lettres à Léonce Rosenberg 1929-1940, présentées et annotées par Christian Derouet, Les Cahiers du Musée national d’Art moderne, Hors-Série/Archives, éd. Centre Georges-Pompidou, 2000, 160 p., 180 F, ISBN 2-84426-042-x.
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Francis Picabia, Lettres à Léonce Rosenberg 1929-1940
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°520 du 1 octobre 2000, avec le titre suivant : Francis Picabia, Lettres à Léonce Rosenberg 1929-1940