Francis Bacon passe pour l’un des plus grands peintres du XXe siècle. Sa passion exclusive pour le corps humain défiguré, torturé par la peinture même, a rapidement consacré son art comme le symbole du plus profond désarroi, tandis que triomphait l’abstraction.
L’art de Bacon, à la fois si précisément en phase avec son époque et si supérieur, détaché des modes et libre de tout compromis, a trouvé un public qui lui témoigne toujours le même intérêt. Daniel Farson, photographe et biographe de Jack l’Éventreur, l’a connu de près. Dans Francis Bacon, Aspects d’une vie, il relate avec complaisance les souvenirs qui le liaient au peintre.
Heureusement, Thames and Hudson publie en même temps la traduction d’une version, revue et corrigée l’an passé par son auteur, du Francis Bacon de John Russel. L’auteur rappelle sobrement les origines de l’artiste, descendant de son illustre homonyme, philosophe élisabéthain qui brûla son savoir dans une vision utopique du monde. Russel évoque solidairement l’homme et le peintre, soulignant ainsi la véritable dimension de son art, que nourrissaient indifféremment les frasques nocturnes et une vaste connaissance de l’histoire. Adoptant la terminologie d’Ehrenzweig, l’auteur voit en bacon un “penseur latéral”. “Un penseur vertical, écrit Russel, qui se serait demandé : ‘Que devrait être un tableau en 1945’ ne serait jamais arrivé aux Trois études de personnages au pied d’une crucifixion, tellement éloignées des idées qui avaient cours à l’époque qu’on n’y voyait que l’effet d’une imagination égarée et malade.” Bien loi des commérages et des sous-entendus, cet essai brillant et attentif donne bien la mesure de l’importance de Bacon dans la deuxième moitié de ce siècle.
Daniel Farson, Francis Bacon, Aspects d’une vie, Le Promeneur, 376 p., 33 ill., 160 F.
John Russel, Francis Bacon, Thames and Hudson, 208, 106 ill., 99 F.
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Francis Bacon in memoriam
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°5 du 1 juillet 1994, avec le titre suivant : Francis Bacon in memoriam