Parfois, certaines œuvres ne se révèlent qu’à la fin. Lone Sloane – Babel, du scénariste Xavier Cazaux-Zago et du dessinateur Dimitri Avramoglou, est de celle-là.
Dans cette bande dessinée, les deux auteurs reprennent le flambeau de Lone Sloane, personnage mythique de Philippe Druillet (né en 1944). Celui-ci se voit confronté à un ultime adversaire : l’écume. Force implacable et invincible, l’écume dévore les mondes et les espoirs. Alors que tout semble perdu, un mystérieux bibliothécaire confie la mission à Lone Sloane de retrouver la légendaire Babel, seul espoir contre la menace. Mais sera-t-il à la hauteur ? Les attentes sont grandes sur Sloane… et ses nouveaux auteurs. Il n’est pas aisé de reprendre un monument qui a marqué durablement l’histoire de la BD. La tâche est d’autant plus ardue que le dessinateur Dimitri Avramoglou et Xavier Cazaux-Zago ont souhaité s’inscrire dans une filiation plus qu’une franche rupture. Le lecteur retrouve ainsi le mélange entre narration littéraire et bande dessinée qui a fait la gloire de Druillet. Une démarche novatrice dans les années 1980 qui s’ancrait dans une volonté de donner ses lettres de noblesse à un art déconsidéré. De nos jours, la BD s’est largement popularisée. C’est pourquoi cette narration semble presque anachronique aujourd’hui, tout en disant beaucoup de notre époque. Et pour cause, elle s’inscrit dans ce retour aux années 1980 initié par les industries cinématographiques et audiovisuelles avec Blade Runner, Ghostbusters ou Stranger Things. Comme s’il fallait revenir à un passé rassurant pour supporter un présent anxiogène. Babel se trouve quelque part entre l’hommage personnel et l’œuvre de commande. Même si Lone Sloane a perdu la démesure et la technique expérimentale de Druillet, force est de constater que les auteurs ont réussi le pari d’une continuité graphique et narrative. Le style est plus lisse, la narration parfois un peu difficile à la première lecture. Toutefois, l’histoire se tient et la fin révèle l’intention créative des auteurs. Une œuvre nostalgique qui donne envie de se replonger du côté de chez Sloane.
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Du côté de chez Druillet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : Du côté de chez Druillet