Discours aux pingouins

Discours aux pingouins et autres écrits : doit-on s’attendre à lire une harangue faite à ces oiseaux de la lointaine Terre Adélie par on ne sait quel explorateur fou ou les écrits tardifs d’un dompteur retraité d’un parc aquatique de la Côte d’Azur ? Non, derrière ce titre énigmatique se cache un recueil d’articles, de lettres et d’essais écrits par l’artiste et intellectuel danois, Asger Jorn. Ce « Discours » dépeint la carrière de ce peintre et, comme en témoigne cet ouvrage, également critique qui se tourna vers l’abstraction au milieu du XXe siècle et a côtoyé avec admiration des peintres comme Fernand Léger. Fondateur et théoricien du groupe Cobra, formé à la fin des années 40, Jorn est aussi à l’origine, en 1953, du Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste. Son énergie créative se ressent dans ses écrits divers et variés, rédigés entre 1938 et 1973.
La plupart de ces quelque 150 textes, regroupés chronologiquement, n’avaient pas été traduits en français et certains étaient même restés inédits jusqu’à cette heureuse initiative prise par les éditions de l’Ecole nationale des Beaux-Arts. Regroupant tant un historique de la diffusion comme de la réception de penseurs et de personnalités majeures comme Henri Michaux ou Le Corbusier au Danemark, que certaines réflexions relatives à la démarche picturale de Jorn, ce livre témoigne du goût de l’artiste pour les titres étranges et loufoques. Yang-Ying. Le principe de la vie dialectique-matérialiste, L’état des passions au milieu du XXe siècle et Gallizio-le-tatoué donnent un aperçu du don de l’auteur. Quant au texte éponyme ? Une traversée surréaliste, histoire de perdre le pingouin !