Si les Cahiers Atelier éveillent judicieusement le regard des enfants à l’art des grands maîtres, la Petite collection est en revanche loin d’y parvenir.
Chaque Cahier Atelier, chez Mila Édition Albin Michel Jeunesse, est divisé en trois parties : un texte, un cahier atelier et un poster. Le cahier est une sorte de patron, de préparation sur laquelle le lecteur peut peindre à la manière de l’artiste. Le poster (format 43 x 51 cm) représente un dessin que l’enfant n’a plus qu’à peindre en utilisant la technique qui vient de lui être décrite.
Le volume consacré à Vincent Van Gogh est empreint de poésie ; quelques mots suffisent pour comprendre la manière de l’artiste et son combat pour maîtriser matière et couleur. Celui consacré à Matisse offre des collages prédécoupés, à disposer au gré de l’imagination du jeune créateur ou pour l’aider à copier une œuvre du peintre. Ainsi, les enfants entrent dans le monde de l’artiste sans effort, naturellement, comme ils entrent dans un conte en s’identifiant au héros. Il s’établit une fusion entre leur esprit, leur main et l’imagination du peintre.
Moins heureuse est la série de contes illustrés à l’aide d’œuvres des plus grands peintres, éditée par Calmann-Lévy et la RMN. Créer une histoire en partant de douze tableaux, sans liaison entre le texte et la peinture, sans références sur la vie de l’artiste, est aussi difficile que de faire entrer par le trou de l’aiguille du chameau la table de dissection et sa machine à coudre.
Pour Cézanne, le texte surprend même par sa lourdeur et ses poncifs. La femme à la cafetière ou les Joueurs de cartes sont accompagnés de commentaires tels que : J’épouserais une femme très laide qui serait toujours habillée pareil et qui me ferait du café en attendant que je rentre, assise dans le salon à regarder la télévision, ou Moi je ne voudrais pas rentrer, alors je resterais avec les copains à boire du vin et à jouer aux cartes, c’est comme ça dans les villes. Jusqu’au titre – Les secrets d’Illan illustrés par Cézanne – qui ne correspond pas à la réalité, puisque l’artiste n’a rien illustré du tout !
Tout conte qui se respecte comporte un début, le déroulement d’un certain nombre d’événements et une fin, et non une suite de réflexions pseudo-métaphoriques sur les modes de vie supposés en ville ou à la campagne. Résultat, les enfants ne comprennent rien à une telle histoire et ne s’intéressent pas davantage aux œuvres, puisqu’elles n’illustrent rien.
Les Cahiers Atelier, Mila Édition Albin Michel Jeunesse, texte de Mila Boutan. Titres déjà parus : Cézanne, Monet, Van Gogh, Matisse, 79 F.
La petite collection, Calmann-Lévy - RMN, Les secrets d’Illan illustrés par Cézanne, texte de Dominique Schneidre, 85 F.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Deux livres pour enfants, un bonheur inégal
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Un Dada pour les enfants et les parents
Tiré à 10 000 exemplaires, vendu uniquement en librairie et sur abonnement, Dada a véritablement pris son envol en septembre 1994, lorsque les éditions Mango, spécialisées dans le domaine des publications destinées à la jeunesse, sont venues épauler le projet de Christian-Alexandre Faure. Selon lui, Dada s’adresse aux enfants, mais aussi aux médiateurs, à savoir les parents, les enseignants, les professionnels des arts plastiques… Une ambition que résume bien la formule, Dada, première revue d’art pour enfants de 6 à 106 ans.
Cette démarche implique l’existence de plusieurs niveaux de lecture, qui apparaissent au fil des pages, consacrées chaque mois à un thème différent (L’Art brut, Art et vêtement, Barcelone…) : ainsi, entre les historiettes consacrées aux artistes s’intercalent des mini-reportages sur les enfants eux-mêmes (à l’école, dans un atelier…). Ces rubriques (Atelier, Photo, Expérience…), plus journalistiques qu’artistiques, détonnent malheureusement un peu dans un contenu et une maquette par ailleurs harmonieux. Du moins, Dada est-elle une revue où chacun devrait trouver son compte, enfants et parents.
n Dada, première revue d’art pour enfants de 6 à 106 ans, 52 pages en couleurs, 40 F le numéro. Éditions Mango, Service abonnements, 36, rue Fontaine, 75009 Paris, tél : 49 70 15 55, 9 numéros par an, 330 F.
L’histoire de l’art en quizz
Voici un livre de la taille d’un paquet de cigarettes pour tester ses connaissances en histoire de l’art, destiné paraît-il aux 10-12 ans, tant la disparité des questions laisse perplexe. Par exemple, Peindre sur la paroi d’une caverne, c’est de l’art rupestre, pédestre ou équestre ?, Ce tableau [Le Radeau de la Méduse, de Géricault] représente les rescapés du Titanic, de la Méduse, de l’Amoco-Cadiz ?, mais aussi, À quand remonte l’apparition des silex taillés : 90 000, 50 000 ou 30 000 av. J.-C. ?, ou bien, encore plus difficile, face à deux versions de la cathédrale de Rouen, par Monet, Laquelle fut peinte le matin, laquelle fut peinte l’après-midi ?
L’art en questions, Casse-tête, éditions Mango-RMN, 39 F.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Deux livres pour enfants, un bonheur inégal