Deux livres d’entretiens mettent à l’honneur deux artistes de la couleur. Le premier retranscrit des conversations tenues sur une trentaine d’années entre l’artiste cinétique
Carlos Cruz-Diez et le critique d’art Ariel Jiménez [Carlos Cruz-Diez, Entretiens avec Ariel Jiménez, éditions Beaux-Arts de Paris, 184 p., 25 €], le second un entretien entre l’artiste Sam Francis et son ami Yves Michaud, spécialiste de son œuvre [Mon art, mon métier, ma magie… Sam Francis, Entretiens avec Yves Michaud, L’Atelier contemporain, 112 p., 20 €]. Les deux artistes y évoquent leur découverte de la couleur comme une expérience quasi mystique. Pour Carlos Cruz-Diez, l’intérêt vint d’un échange avec l’un de ses professeurs : « Ce fut un choc, j’ai eu l’impression d’avoir été complètement aveugle. Le lendemain, je suis revenu sur le motif. J’ai persévéré dans la recherche des couleurs. » Pour Sam Francis, la découverte de la couleur fut également un « choc », car « les couleurs sont des forces. C’est évident. Ce sont des forces réelles dans la nature et dans la psyché. C’est absolument vrai. » Intéressé par les propriétés médicinales des couleurs, il les utilise même pour leurs vertus thérapeutiques : « Je peux faire disparaître la douleur de moi par la couleur […], si c’est enflammé j’utilise du jaune et je peux faire s’en aller la douleur. » Une approche physique de la peinture donc, que Sam Francis revendique : « J’achetai des œufs et des pigments secs et d’autres ingrédients et je les mélangeai pour obtenir de la tempera à l’œuf. » Chez Carlos Cruz-Diez, les premières expériences avec la couleur, qui datent des années 1934-1935, furent également physiques : « Mon père, pharmacien et chimiste, avait fondé une petite fabrique de sirops et de boissons gazeuses […]. Il y stockait des bouteilles pleines d’essences rouges, jaunes et vertes, sur des rayonnages et contre les fenêtres. Quand le soleil pénétrait par la fenêtre, les bouteilles devenaient comme des lentilles ou des prismes et projetaient leurs couleurs au sol. » Des entretiens qui plongent le lecteur au cœur des perceptions visuelles de deux grands artistes contemporains, si éloignés et pourtant si proches…
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Deux entretiens hauts en couleurs
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Deux entretiens hauts en couleurs