Qu’est-ce qu’un roi sans palais ? Pas grand-chose aux yeux de ses sujets. Louis XIV l’avait bien compris quand il se lança au début des années 1660 dans les travaux de Versailles et du Louvre.
Deux ouvrages nous font découvrir les coulisses de ces chantiers monumentaux qui se disputèrent les faveurs du roi. Mathieu da Vinha, conseiller historique de la série Versailles par Canal , nous livre une « enquête historique » sur la relation fusionnelle entre le Roi Soleil et l’ancien pavillon de chasse de son père, Louis XIII [Versailles, enquête historique, éditions Taillandier, 255 p., 18,90€]. Il confronte fiction et faits historiques pour offrir un regard neuf sur la construction du mythe versaillais, fondé sur l’amour que le roi portait
à ce lieu. Un véritable couple, « on ne peut pas penser à l’un sans penser à l’autre », résume l’auteur, dans lequel le Louvre a bien du mal à s’immiscer malgré les efforts de Colbert, Surintendant des bâtiments du roi, « décidé à faire du Louvre un palais digne de Louis XIV », explique Laurent Dandrieu dans Le Roi et l’Architecte [Le Roi et l’Architecte. Louis XIV, le Bernin et la fabrique de la gloire, éditions du Cerf, 192 p., 12 €]. Le rédacteur en chef culture de Valeurs actuelles remémore un point de l’histoire que l’on a tendance à oublier : l’échec de la collaboration entre le Roi Soleil et le Bernin. Le jeune roi, amoureux des plaisirs et « aussi baroque qu’on peut l’être » avait tout pour être séduit par le plus grand des artistes italiens. Mais les cabales des architectes concurrents, la mésentente avec Colbert
et « la difficulté pratique de mener à Paris un chantier de conception italienne », avortèrent ses projets. Cet épisode, loin de la fiction, permit au style français de s’affirmer, incarné alors par Le Vau, Le Brun et Claude Perrault. Pour ce monarque éclairé, l’art est symbole de pouvoir et Versailles, sans qui « l’influence culturelle n’aurait pas été aussi intense », incarne celui de la France. Il devient cour officielle en 1677, tandis que
les travaux du Louvre sont définitivement interrompus l’année suivante. Deux contrepoints historiques bien renseignés qui font vivre ce triangle amoureux comme point de départ de la politique culturelle du Roi Soleil, construite « en face de l’Italie ». Finalement, l’histoire comme la fiction réserve bien des surprises.
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Deux châteaux pour un roi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°692 du 1 juillet 2016, avec le titre suivant : Deux châteaux pour un roi