Mieux vaut l’avouer d’entrée de jeu : en répertoriant les quelques revues d’art dont on estime qu’elles sont importantes dans le paysage intellectuel français, on se rend vite compte qu’il est aussi nécessaire de citer Des territoires en revue que malaisé d’en parler. A l’évidence, il ne s’agit pas d’une revue d’histoire de l’art, mais ce n’est pas non plus une revue d’esthétique.
« Surtout pas !, s’exclame Jean-François Chevrier, qui a été le conseiller de la documenta de Kassel en 1997 et qui anime depuis 1994 à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris un séminaire hebdomadaire dont est issue la revue. Le terme d’esthétique, comme discipline philosophique et vision lointaine, discursive, théorique de l’art me gêne. Ce qui compte, c’est se poser la question de l’apparition de l’art, l’art vivant, en train de se faire.
Et puis, nous ne traitons pas que de l’art stricto sensu. Dans le premier numéro nous avons consacré un dossier au travail de Fernand Deligny avec les enfants autistes dans les Cévennes en 1967, nous n’étions pas dans la norme institutionnelle ». Puis, la revue comporte cinq numéros, avec une périodicité bi-annuelle pour les deux premières années du séminaire et un numéro double la troisième année qui s’est conclu
à l’automne 2001 par une exposition mettant en œuvre les activités du séminaire et à laquelle les cinq numéros de la revue ont servi de catalogue. Une autre série devrait donc débuter en 2003. Qu’est-ce qui a donc motivé la création du séminaire et celle de la revue ? « Au départ, un propos très pédagogique, souligne Jean-François Chevrier. Sensibiliser les étudiants à des questions politiques, la principale étant : que signifie être un citoyen vivant à la fin du XXe siècle ? L’interrogation de départ portait sur la mondialisation. » Le questionnement qui a suivi a entraîné le séminaire sur les chemins d’un nouveau territoire de la création ; le débat reste ouvert sur les rapports de l’art et de l’information, sur les implications géographiques et géopolitiques qui en découlent, les territoires imaginaires des arts appliqués et le clivage dépassé qu’avait véhiculé le XIXe siècle, opposant l’art pour l’art à l’art social, ou art pour le progrès.
Un cheminement tonique, à l’écart des sentiers battus et qui est loin d’être abouti. Tant mieux.
- Des territoires en revue, éd. de 2000, 70 p. , 8 euros.
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Des territoires en revue
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°539 du 1 septembre 2002, avec le titre suivant : Des territoires en revue