Des monuments historiques au patrimoine

Pourquoi cet étrange sous-titre, emprunté à Crébillon, « les égarements du cœur et de l’esprit » ? Si l’ouvrage de Françoise Bercé, à qui l’on doit l’histoire de la Commission des monuments historiques au XIXe siècle, est écrit avec cœur et la postface de Bruno Foucart avec esprit, jamais le livre ne s’égare hors du droit fil d’une passionnante démonstration. Depuis la prise de conscience de l’existence d’un patrimoine national sous la Terreur, en passant par les grandes entreprises de restauration des années 1840, jusqu’aux polémiques suscitées par la basilique Saint-Sernin de Toulouse dans les années 70 ou, dans les années 90, les débats suscités par l’avant-corps en béton accolé au donjon de Falaise, le vocable Monument historique a servi à désigner des réalités bien diverses et a suscité des « restaurations » obéissant à des principes que tout oppose. L’apport essentiel de cette excellente synthèse est de démontrer, comme l’écrit Bruno Foucart, que « dans l’histoire générale des arts on devra chaque fois insérer un chapitre restauration, où celle-ci se glorifiera de ses successives présences aux modernités ». Aucun égarement dans cette histoire, mais une succession de certitudes architecturales, dans un mouvement continu et complexe de métamorphoses.