Documentaire

Des années lumineuses

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2010 - 384 mots

« Paris, c’était là où était le XXe siècle, c’était là où il fallait être », disait l’écrivain Gertrude Stein.

Le documentaire « Paris, les années lumineuses » déroule vingt-cinq années de vie artistique foisonnante, de 1905 à 1930, feuilletant les pages d’un album difficile à écorner, celui de la mythique bohème. Animé d’un brin de nostalgie pour une époque où le cœur de la création mondiale semble battre dans les mansardes et les cafés, il fait revivre le Paris d’antan, confrontant, à l’aide d’images d’archive, les espaces d’hier à ceux d’aujourd’hui. « Le village » Montmartre fait alors figure de point de ralliement pour toute une population d’artistes désargentée mais animée par un franc esprit de camaraderie. Le jeune Picasso passe « les meilleures années de sa vie », selon ses propres termes repris dans le commentaire, au Bateau-Lavoir, atelier dont il a fait « Le rendez-vous des poètes ». À Montparnasse, c’est autour des quatre points cardinaux du Dôme, de La Rotonde, de La Coupole et du Select, que s’organise la vie artistique. 

Souffle cosmopolite
Le documentaire revient sur l’ombre des montagnes de Cézanne sous laquelle se rassemblent tous les artistes de l’ère moderne, avant de donner la parole à un grand témoin, le galeriste Henry Kahnweiler, qui organise la première exposition cubiste le 9 novembre 1908. Celui-ci évoque les recherches concomitantes de Picasso et Braque, qui se définissent comme « deux alpinistes attachés l’un à l’autre » avant que la guerre ne les divise et  transforme chacun en « ex-femme » l’un de l’autre. Ces extraits de témoignages filmés livrent une matière brute éclairante. Les « années lumineuses » sont prises dans un souffle cosmopolite. Le Tout-Paris se presse aux représentations des ballets russes pour observer les corps en mouvement qui se libèrent sous l’impulsion de Diaghilev et Nijinski. Les années 1920 s’emballent au rythme de « La Revue nègre » menée par une Joséphine Baker symbole de l’émancipation féminine.  À l’absurdité de la Grande Guerre viennent répondre enfin les provocations de Dada, qui entraînent une nouvelle révolution artistique. Tandis qu’au loin ourdit la grande dépression qui s’abattra sur le monde en 1929, mettant fin à la fête.

Paris, les années lumineuses, le 25 décembre à 20 h 40 sur Arte. Documentaire de Perry Miller Adato (France, 2010, durée 1 heure 30 min).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°337 du 16 décembre 2010, avec le titre suivant : Des années lumineuses

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