Dans la tête de Van Gogh

Le destin tragique et exceptionnel de Vincent Van Gogh ne cesse d’inspirer la littérature et le cinéma. Dans cette livraison aux allures de roman policier, Marianne Jaeglé – qui n’est pas historienne de l’art – raconte une mort différente que le suicide communément admis. Elle s’appuie sur une biographie écrite en 2011 par deux historiens américains qui formulent une autre hypothèse pour la disparition de l’artiste. Mais au fond, cette variante dans le dénouement n’est qu’un prétexte pour raconter les dernières années de Vincent, entre Arles et Auvers-sur-Oise.

L’auteure aurait pu faire de Vincent le narrateur tant le lecteur plonge dans ses tourments psychologiques : l’insatisfaction qu’il rencontre avec sa peinture ; la recherche quasi désespérée de la reconnaissance de Gauguin qui partage sa vie un temps à Arles ; la culpabilité à l’égard de la générosité de son frère Théo ; la douleur de se sentir rejeté par les Arlésiens. On ne peut qu’entrer en empathie avec le peintre, si attendrissant par ses maladresses. L’atmosphère est pesante, une menace plane sur ses dernières années dont on suit l’enchaînement des événements avec inquiétude.

L’écrivaine s’est habilement appuyée sur les tableaux connus de Van Gogh pour tisser son drame en trois actes et le lecteur aura plaisir à reconnaître les Tournesols, le portrait de Mme Ginoux, celui du docteur Gachet ou de sa fille jouant du piano comme autant de repères familiers. Un petit reproche cependant, la répétition parfois trop fréquente des états d’âme de Vincent. Un bon livre pour se cultiver tout en se laissant prendre par la narration.