Entre écriture et dessin, pour peu qu’ils soient encore faits à la main, il y a collusion d’outils.
C’est le socle commun qui leur donne forme. C’est le même crayon, c’est la même plume, la même pointe, la même encre qui noircit le papier ; c’est aussi l’artifice qui soutient bien souvent, dans les faits, leur présence en proximité. Pour les deux, il suffit d’un trait pour figurer une pensée, et ce trait appose la signature du geste de leur auteur. Juste derrière la trace de l’outil, on devine la main qui le tient. Un tremblement, un élan serein, plus loin, le suivi de l’œil et puis l’intention de l’âme. Une même pratique les contient. Cependant, dans l’expérience qu’il propose, leur trait change de nature. Sur le papier la lettre tracée entraîne le verbe, elle porte l’action qui s’inscrit dans le temps, et le travail mental d’une visualisation. Le dessin tient la représentation tout entière, la figure de l’instant, dans le travail sourcilleux d’un déchiffrement. L’écriture dépeint ; le dessin décrit. Là où les deux motifs se juxtaposent, leur collision nous oblige à un jeu d’aller-retour du dessin au texte et du texte au dessin, entre deux modes d’expression différents, l’un plus sonore, l’autre plus visuel, mais aussi entre deux modes de compréhension qui activent des aires cérébrales distinctes. Les deux se relancent et se complètent, comme le font à une autre échelle les arts et les lettres, et s’élancent d’un ensemble à la quête d’un sens uni et supérieur. Aussi, c’est l’essence de ce rapport que s’attache à décrire ce Carnets d’études n° 52, en prenant pour cadre d’étude le dessin occidental agrémenté d’écritures puisé dans le fonds des Beaux-Arts de Paris. Il s’agit ici de mettre en lumière les fonctions de l’écrit présent dans le dessin, en tant qu’écriture ajoutée, comme extérieur à l’œuvre, ou bien écriture incluse, lisible ou non, et participant du fonctionnement de l’œuvre en tant que telle : qu’est-ce que le trait du mot fait raconter au trait du dessin ? Car ce qui nous retient à une image, quelle qu’en soit la nature, c’est toujours l’histoire qu’elle suscite en nous, avec son potentiel de mystère et ses éléments de lumière.
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Commun roman
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°751 du 1 février 2022, avec le titre suivant : Commun roman