La 31e édition du Festival international du film sur l’art organisé à Montréal recèle quelques pépites.
MONTRÉAL - Pour sa 31e édition, le Fifa (Festival international du film sur l’art), qui demeure une plateforme unique au monde, a présenté du 14 au 24 mars à Montréal 248 films de 28 pays. Les arts deviennent le sujet de films passionnants, dont certains révèlent un intérêt pédagogique indéniable et d’autres tiennent du documentaire de création au sens fort. Outre sa division en plusieurs sections (« Arts médiatiques », « Regard sur le 7e art », « Hommage », « Le temps retrouvé »…), ce sont les films en compétition qui font le sel du festival, avec un jury présidé cette année par Olivier Kaeppelin, actuel directeur de la Fondation Maeght, à Saint-Paul de Vence.
Qu’attendre d’un film sur l’art ? Difficile de répondre de façon générale tant les approches sont diverses, compte tenu en premier lieu des conditions de production et de distribution. Un certain nombre de films à vocation institutionnelle conduisent parfois à des impasses : par exemple, le documentaire Louvre-Lens, la Galerie du Temps (de Michaël Gaumnitz, coproduit en 2012 par Amip/Musée du Louvre/Arte France) aurait mérité, pour constituer un outil pédagogique digne de ce nom, d’être réalisé un peu plus sérieusement, tant les prises de vue sont lacunaires et les interventions des conservateurs, mal exploitées.
D’autres films, certes destinés à la télévision et produits par elle, peuvent cependant se révéler cinématographiquement riches. Citons la force poétique du Brancusi d’Alain Fleischer – Prix du meilleur essai, le film sera diffusé sur Arte dans le cadre d’une série de films de 26 minutes portant sur la sculpture – tourné en 3D, la nuit, dans l’atelier du Centre Pompidou.
Sur le tempo de l’œuvre
Certains films, parmi les plus intéressants, s’élaborent comme une exposition, partant d’un postulat historique ou esthétique. Il en est ainsi de la réalisation d’Helen Doyle, Dans un océan d’images (Prix du meilleur film canadien) : à partir d’entretiens avec notamment l’artiste Alfredo Jaar ou le photojournaliste Stanley Greene, la réalisatrice tente de définir le geste de ceux qu’elle appelle des « rapporteurs » d’images, nécessaires témoins de leur temps.
Mais les films les plus originaux sont ceux qui épousent le tempo de l’œuvre dont ils rendent compte. Ainsi, dans Reinhoud, mon sculpteur, Blaise D’Haese brosse le portrait posthume de son père, le flamand Reinhoud, proche de CoBrA et grand ami de Pierre Alechinsky. L’autobiographie participe ici d’un film très touchant qui mêle intimité et archive familiale.
Dans une perspective différente mais tout aussi personnelle, c’est en dialogue avec Duane Michals que Camille Guichard réalise The Man who invented himself (Mention spéciale du jury). Michals, que l’on connaît pour ses mises en scène photographiques habitées de fantômes, s’amuse ici à jouer son propre rôle, à l’aide de miroirs, perruques ou ailes d’anges.
Enfin, saluons la force d’authentiques documents : Michel Butor, l’écrivain migrateur de Blandine Armand (réalisé en 2011 pour la série « Empreintes » sur France 5) et Jonas Mekas : I am not a filmmaker (2012) de Pierre-Paul Puljiz et Jérôme Sans ont le mérite de laisser la parole à des artistes qui fêtent cette année respectivement leurs 87 et 91 ans.
Grand Prix : Helsinki Music Centre. Prelude, réal. Matti Reinikka, Miisa Latikka (Finlande, 2012, 93 min)
Prix du jury : Hard Light/Lumière crue, réal. Justin Simms (Canada, 2012, 55 min)
Prix du meilleur film éducatif : John Cage. Journeys in sounds, réal. Paul Smaczny, Allan Miller (Allemagne, 2012, 60 min)
Prix de la création : Glauser, réal. Christoph Kühn (Suisse, 2011, 72 min)
Prix du meilleur film canadien : Dans un océan d’images, réal. Helen Doyle (Canada, 2012, 90 min)
Prix du meilleur essai : Brancusi, réal. Alain Fleischer (France, 2013, 26 min)
Prix du meilleur portrait : Sol LeWitt, réal. Chris Teerink (Pays-Bas, 2012, 752 min)
Prix du meilleur reportage : Huguette Oligny, réal. Pascal Gélinas (Canada, 2013, 52 min)
Prix du meilleur film pour la télévision : The Dreams of William Golding, réal. Adam Low (Royaume-Uni, 2012, 90 min)
Prix Liliane-Stewart pour les Arts du design : The Successor of Kakiemon, réal. Suzanne Raes (Pays-Bas, 2012, 90 min)
Prix Tremplin pour le monde ARTV : La Longueur de l’alphabet, Joe Balass (Canada, 2013, 90 min)
Mention spéciale : The Man who invented himself. Duane Michals, Camille Guichard (France, 2012, 85 min)
Prix du public ARTV : Corno, réal. Guy Edoin (Canada, 213, 78 min)
Ce palmarès sera diffusé dans son intégralité courant 2013 au Fresnoy-Studio national des arts contemporains à Tourcoing.
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Cinéma - un Fifa compétitif
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°389 du 12 avril 2013, avec le titre suivant : Cinéma - un Fifa compétitif