La belle couverture noire affiche fièrement son titre en lettres d’argent : Claude Lévêque, Le Grand Soir.
Ce qui apparaît comme le catalogue de l’exposition de Claude Lévêque à la Biennale de Venise et, par conséquent, serait un joli coup d’édition, est en réalité une rétrospective de l’œuvre du trublion de l’art contemporain. Un trublion que l’on dit du reste quelque peu assagi, lui qui déclarait en 2006 au Journal des Arts, que « Les expositions de l’AFAA sont faites pour les consuls et leurs famille ». Or, c’est justement l’AFAA [renommée Culturesfrance, lire p. 124] qui a choisi Lévêque pour représenter la France. Son installation dans le pavillon français « ostentatoire » évoque littéralement l’univers carcéral. Ce n’est pas le Grand Soir révolutionnaire, mais on est loin de l’univers rieur du Balloon Dog de Jeff Koons.
Les quelques pages consacrées au pavillon de Venise servent donc d’introduction à une anthologie des grandes installations de Lévêque. L’artiste aime les espaces décalés, un appartement ou une ancienne banque, le jardin des Tuileries ou un site industriel, un terrain vague ou bien sûr les vastes espaces épurés des lieux d’art contemporain. Il est à son aise pour y concevoir des dispositifs qui provoquent le visiteur. Celui-ci est souvent plongé dans l’obscurité, avec des éclairages colorés, comme s’il fallait le déstabiliser, l’inciter à réfléchir plus qu’à se délecter. Car l’univers formel ou intellectuel de Lévêque n’est pas franchement séducteur. Il assemble des objets détournés de leur usage mais n’hésite pas non plus à fabriquer des pièces, n’ayant pas oublié son CAP de menuisier. Et si les œuvres de Lévêque comportent souvent des inscriptions, c’est pour mieux faire passer ses messages engagés.
« Je crée des dispositifs qu’on peut difficilement photographier », dit-il. Il est vrai qu’un ouvrage imprimé a du mal à rendre compte de son travail, d’autant que le son est une composante importante de son œuvre. Aussi l’éditeur a-t-il invité les critiques d’art et exégètes du moment pour expliquer en mots la démarche de Lévêque. Surtout ne pas y chercher la moindre critique, cela ne se fait pas entre amis. Mais c’est la règle du jeu. L’ouvrage n’est pas très bien construit, on ne comprend pas toujours à quoi font référence les illustrations, il faut aller au sommaire pour s’y retrouver. Reste un bel objet, que l’on a du plaisir à consulter. Du Lévêque de la Biennale de Venise.
Christian Bernard (sous la dir. de), Claude Lévêque. Le Grand Soir, Flammarion, 240 p., 49 €.
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Christian Bernard (sous la dir. de) : "Claude Lévêque. Le Grand Soir"
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°616 du 1 septembre 2009, avec le titre suivant : Christian Bernard (sous la dir. de) : "Claude Lévêque. Le Grand Soir"