Parallèlement à la morale chrétienne qui, depuis un temps, l’obsède, Paul Verlaine se glisse dans la vertu du vice.
Sachant tour à tour à quel sein vouer son âme, à quel saint lier sa chair, il publie en 1889 le recueil Parallèlement, où tout est nu et uni. De l’amour à la grivoiserie, « le physique ne se dépare pas du métaphysique ». Onze ans plus tard, le poète étant alors disparu, Ambroise Vollard convoque le peintre Pierre Bonnard pour en illustrer un tirage d’exception, voulu initialement à deux cents exemplaires, et que reproduit aujourd’hui l’éditeur Hazan. Au plus près de l’original, sur des feuillets roses d’imprimerie, les poèmes en italique partagent leur lit avec le grain sensuel des lithographies. Les poses lascives, les fougues délicates en rose à dessein, se nouent roses de fièvre avec le noir du texte, en caressent les atours, les césures, indissolublement. À chaque page se ressent entre le peintre et le poème la tentation d’un tremblement, d’un contact. C’est le trait vivant, l’Éros de l’esquisse, signature de bon art, qui traverse l’artiste, de la pointe vers la main, de la main vers l’épaule et de l’épaule vers l’aine.
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Bonnard-Verlaine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°740 du 1 janvier 2021, avec le titre suivant : Bonnard-Verlaine