Pour un photographe qui doit sa renommée internationale à son travail sur l’architecture, Berlin constituerait presque un thème obligatoire. En effet, depuis qu’a commencé la reconstruction de la désormais capitale fédérale, son paysage ne cesse de changer. Les bâtiments sortent de terre, élégants ou sinistres, élancés ou massifs. Les plus grands architectes ont été sollicités pour offrir un nouveau visage à une ville à peine relevée, il y a encore dix ans, des ruines de 1945 et de la scission – le fameux mur – qui l’érigea en symbole du monde libre face au rideau de fer. Gabriele Basilico ne dissimule rien de sa fascination pour les façades sombres et les avenues rectilignes, qu’il traite selon son habitude en plans dépouillés, linéaires, rythmés par la multiplication des fenêtres. Nul autre que lui n’aurait pu traduire aussi bien cette mélancolie bétonnée de la Mittel-Europa, ces lumières laiteuses, ces alignements de pierre grise, ces violents contrastes entre des bâtiments surgis par miracle d’autres époques, et tous ces volumes rationnels, sans effet de grâce, construits par et pour des administrations sans âme. Mais quel bel exercice de style pour un artiste dont le regard ne cesse d’évoquer, par-delà le passage du temps, celui de Berenice Abbott, enthousiasmée par la construction d’une autre cité géante, le Manhattan des années 30.
- Gabriele Basilico, Berlin, éd. Actes Sud, 180 p., 39 euros.
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Berlin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°535 du 1 avril 2002, avec le titre suivant : Berlin