Livre

Bateau ivre

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 23 septembre 2020 - 178 mots

Trencadis, vous avez dit trencadis ? « Une mosaïque d’éclats de céramique et de verre […].

De la vieille vaisselle cassée recyclée pour faire simple […]. Le Trencadis est un cheminement bref de la dislocation vers la reconstruction. » Niki de Saint Phalle vient de découvrir ce mot, et elle en rit : « Ça devrait être presque un art de vie, non ? » Sans doute fut-il le sien. Mais il constitue aussi l’art du roman de Caroline Deyns. La mosaïque qu’elle compose par la plume est un torrent qui jaillit avec fougue. On se laisse emporter par les flots bariolés et la violence du courant qui, par touches vives, tente de cerner au plus près la vie et la quête de l’artiste. Chaque court chapitre semble un éclat de la vie de Niki – comme ces reflets du soleil sur l’eau, qui parfois blessent l’œil, mais dont le miroitement délecte le regard… ou un tir de carabine dont on croit qu’il fera couler le sang, mais qui au lieu de cela fait éclater la couleur, et construit une œuvre chatoyante.

Caroline Deyns, Trencadis,
Quidam, 364 p., 22 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°737 du 1 octobre 2020, avec le titre suivant : Bateau ivre

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