Ateliers nomades

Pour revitaliser sa pratique artistique, ce peintre et sculpteur qui, dans son art, parle du monde, du cosmos, de la difficulté à se repérer dans la complexité de l’univers, pique sa tente là où le vent le porte, s’attarde sur une zone pour peindre, dessiner et laisser le territoire l’inspirer, de New York à Shangaï, en passant par Moscou, la Villa Noailles d’Hyères ou le phare de Cordouan. Hauts en couleur, féconds, inspirants, ces ateliers nomades forgent sa devise : « Circuler dehors pour élargir dedans ». À travers Cosmos ambulant, celui qui aime à se définir comme un « traumatisé de l’espace » nous propose de le suivre dans ses infiltrations poétiques, nous imprégner avec lui de l’esprit des lieux et rencontrer ceux qui les font vivre. Un soir, au sortir d’un dîner dans le Lower East Side, il aperçoit une silhouette dessinant avec de grosses craies de couleur sous le ciel étoilé de New York. Soudain, le dessinateur de rue s’arrête net, le dévisage, lui serre la main, puis file à grandes enjambées. Texier tente de lui demander son nom. La silhouette se retourne et lance avec un large sourire « Nah, Basquiat » ! S’il pimente son récit de ses rencontres avec Keith Haring, Zao Wou-Ki, Arman ou Yayoi Kusama, Richard Texier fait vivre, aussi, l’esprit des lieux. À Moscou, ce dernier se manifeste devant d’appétissantes tomates, dont Texier apprend qu’elles ont été cultivées près de Tchernobyl. « Allez, mange de bon cœur ! », l’enjoint son assistant russe et « surveillant général de l’atelier ». « Peu importe qu’elle soit contaminée, l’avenir n’existe pas […]. Nous autres, les Russes, nous sommes condamnés au présent à perpétuité. » À Hyères, il surgit dans les fantômes de Marie-Laure et Charles de Noailles, dans les ombres de leurs amis surréalistes qui semblent toujours habiter la villa de ce couple inspiré et fantasque. Et nous, lecteurs, sommes emportés dans cette pérégrination déroutante, drôle, sensible qui devient cosmique au fil des pages.