Andy Warhol

A l’occasion de l’exposition « Les Années Pop », le critique d’art Michel Nuridsany a écrit un livre sur Andy Warhol. Essai journalistique, le texte ne dissimule ni ses partis pris, ni ses nombreuses digressions qui croisent les sources documentaires avec des réflexions intempestives sur le genre biographique, les répercussions esthétiques de la Réforme et de la Contre-Réforme, le masque et la vérité, l’art et le commerce. L’auteur présente néanmoins clairement son ambition critique : mettre en lumière, par la réévaluation de l’œuvre tardif de Warhol, l’importance du catholicisme dans sa conception de l’image. Suivant de près l’exposition consacrée à La dernière Cène au Guggenheim de SoHO, le propos paraît lumineux : après le Warhol cynique et trash des années 60, après l’affairiste désenchanté, il reste sans doute à découvrir le Warhol encré dans la tradition figurative de l’icône.
Cet objectif tend cependant à se dissoudre, au fil des pages, au profit de l’anecdote. A partir des propos autographes et des témoignages publiés, l’auteur finit tout de même par se hasarder à l’interprétation de ce Warhol « secret » qu’il dit insaisissable. En matière de « remise en perspective », Nuridsany entend aussi, bien sûr, vérifier le legs laissé par Warhol chez les artistes d’aujourd’hui. Bien qu’il ait suivi jusqu’à New York les traces de son objet d’enquête, il n’a interrogé à cette fin que des Français : Claude Lévêque, Bertrand Lavier, Sarkis, Bernar Venet, Pierre Huygue, Alain Kirili. Flammarion a eu l’idée heureuse de sortir simultanément une réimpression de Ma philosophie de A à B où l’artiste explore la société américaine en un pot-pourri de réflexions humoristiques et provocatrices.