Ce livre est avant tout un recueil d'images : vingt-six maisons construites par de célèbres architectes du XXe siècle y sont présentées par de nombreuses photographies récentes, vues générales extérieures autant que détails intérieurs.
Dans sa courte introduction, l’auteur propose néanmoins de voir dans son ouvrage une lecture de l’histoire de l’architecture du siècle à partir d’un point de vue très révélateur. Après un bref rappel historique sur l’espace domestique, il exprime en effet l’idée selon laquelle l’architecture de ce siècle serait principalement caractérisée par les maisons, tout comme « le Moyen Âge a été le temps des cathédrales ». Sans discuter les limites réelles d’une telle affirmation, on peut effectivement considérer que la question du logement fut au centre de la pensée et de la pratique architecturales modernes jusque dans les années 70. Ceci explique largement le statut particulier de nombreux projets de maisons individuelles ; des architectes engagés dans des réflexions sur le logement collectif ont ainsi souvent considéré la maison comme un terrain d’expérimentation idéal. Mais celle-ci peut prendre des formes bien différentes : tout sépare la petite maison, se voulant économique, conçue comme le prototype d’une grande série à venir pour le logement des « masses », de la maison réalisée sur mesure, pour un client relativement fortuné, par un architecte qui voudra parfois proposer un manifeste architectural, ou démontrer sa virtuosité. Le livre s’intéresse à des maisons relevant plutôt de cette dernière catégorie ; on n’y trouvera pas trace des expériences de maisons ouvrières, si nombreuses en Hollande ou en Allemagne dans les années 20. Dans le choix sans surprise effectué par l’auteur, qui privilégie de grandes maisons réalisées dans des sites exceptionnels (Maison sur la cascade de Wright, Maison Farnsworth de Mies van der Rohe, Maison Douglas de Richard Meier...), on pourra toujours regretter l’absence de certains architectes comme Gropius, Melnikov ou Kahn et s’étonner de la présence de la Casa Mila de Gaudi qui ne semble pas relever d’une même définition de la « maison ». Ce choix dépend beaucoup de l’utilisation de photographies récentes qui exclut les maisons détruites ou dénaturées.
Le Corbusier est ainsi représenté par la Villa Savoye plutôt que par la Villa Stein à Garches qu’il considérait comme relevant du genre le « plus difficile ». Avec les plans, coupes et élévations indispensables à la compréhension des maisons qui figurent en fin d’ouvrage – malheureusement sans échelle, ni index –, ce (presque) beau livre de décoration aurait également pu devenir un document d’architecture correct s’il n’avait pas souffert de trop nombreux problèmes de fabrication : les photographies floues, tirées à l’envers, surexposées ou mal cadrées abondent, ce qui n’est pas un détail pour un ouvrage de ce genre.
Anatxu Zabalbeascoa, Les maisons du siècle, éd. du Seuil, Paris, 1998, 224 p., 350 F, ISBN 2-02-033628-6.
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Anatxu Zabalbeascoa, Les maisons du siècle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°503 du 1 février 1999, avec le titre suivant : Anatxu Zabalbeascoa, Les maisons du siècle