Albert Londres était aussi un photographe

Depuis le bombardement de la cathédrale de Reims en 1914 jusqu’à sa disparition en mai 1932 dans l’incendie du paquebot Georges-Philippar dans le golfe d’Aden, le grand reporter ne fut toutefois pas seulement célèbre pour ses articles sur la Première Guerre mondiale, l’Union soviétique, le bagne de Cayenne ou l’Afrique et la péninsule Arabique. Il fut aussi un photographe dont les images furent publiées par les journaux pour lesquels il travailla. C’est la première fois qu’un livre spécifique embrasse l’ensemble de cette production, méconnue, du journaliste, pourtant publiée en « une » de grands titres de l’époque. Sous le titre d’Albert Londres et la photographie, l’ouvrage d’Hervé Brusini vient compléter la biographie de référence de Pierre Assouline, Albert Londres. Vie et mort d’un grand reporter. 1884-1932, publiée en 1989 aux éditions Balland.

Le récit chronologique que fait l’ancien grand reporter de France Télévisions et président du prix Albert-Londres s’appuie sur des archives ignorées ou oubliées qui ont ressurgi récemment. Ces images donnent de la chair à un reporter dont le nom relève de la légende grâce au prix récompensant chaque année depuis 1933 un ou une jeune journaliste pour son travail mené sur le terrain.

La photographie illustre le texte, elle est partie prenante du reportage, elle apporte des preuves. Le regard est celui de quelqu’un qui cherche à témoigner par l’image de ce qu’il voit sur le terrain. Hervé Brusini contextualise les photos dans l’histoire de la presse des années 1910-1930 et rappelle ses profonds changements en matière de reportage illustré. L’histoire et les mobiles de la pratique photographique du grand reporter demeurent toutefois sommaires faute d’écrits d’Albert Londres sur le sujet. Il appartient désormais aux historiens de la photographie de se pencher plus précisément sur ces archives sur lesquelles trop peu de choses sont dites alors qu’elles sont à l’origine du livre.