Peu connue en France, bien que présente dans les collections du Centre Georges Pompidou et du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Marthe Wéry (1930-2005) est une artiste belge autodidacte qui a poursuivi sa carrière de peintre des années 1960 aux années 2000 avec une radicalité extrême.
Très vite, elle abandonne la figuration pour explorer la matérialité de l’objet peinture. Son abstraction la rapproche d’artistes comme Robert Mangold, Robert Ryman ou encore Agnes Martin, avec lesquels elle fut réunie en 1974 au Stedelijk Museum d’Amsterdam dans l’exposition « Fundamental Painting ». Le BPS22 – récemment transformé en musée –, qui conserve le plus grand fonds de ses œuvres, lui consacre une rétrospective en forme d’hommage. Le directeur du lieu, Pierre-Olivier Rollin, lui avait déjà consacré une grande exposition de son vivant en 2004 au Musée des beaux-arts de Tournai. « Cette fois, il s’agit davantage d’une exposition bilan », précise ce dernier : « L’étude des documents et des archives que nous conservons et qui sont en partie exposés pour la première fois nous a permis de développer un regard plus global sur son travail. » Plutôt que d’opter pour un parcours chronologique, le choix a donc été fait d’alterner différentes périodes afin de mesurer la cohérence sans faille de ce travail. Aucun texte au mur. Le visiteur est littéralement immergé dans la peinture, la lumière naturelle du lieu permettant de révéler toute la subtilité des textures des toiles exposées. On croise ses premiers petits tableaux géométriques de la fin des années 1960, dans la tradition du constructivisme et du mouvement De Stijl. Mais surtout des œuvres de moyen et grand format qui témoignent d’une approche plus radicale à compter des années 1970 suite à sa découverte de l’art minimal lors d’un voyage aux États-Unis et des théories de l’Unisme. Elle se concentre dès lors sur les composantes fondamentales de la peinture que sont les pigments, la toile et le châssis. Optant parfois pour le diptyque ou le triptyque, elle travaille aussi par série. Les œuvres sont tantôt accrochées, tantôt posées contre le mur ou sur le sol. Pour Marthe Wéry, chaque exposition était l’occasion de renouveler le mode de présentation, engageant ainsi la responsabilité du commissaire. La couleur explose à partir des années 1980 après une palette chromatique restreinte au noir-gris-blanc. Elle donne alors à ses séries des noms de villes (Montréal, Venise, Calais…) dans lesquelles elle a séjourné, révélant combien l’abstraction peut rimer avec une peinture à fleur de peau.
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Marthe Wéry, la peinture sans concession
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°702 du 1 juin 2017, avec le titre suivant : Marthe Wéry, la peinture sans concession