Une « Photo Basel » en parallèle

À l’instar de Photo London, Photo Basel est la dernière née des foires de photographie. Bien que plus discrète dans son organisation que son aînée d’un mois, elle entend s’affirmer dès sa première édition tant à l’international qu’en Suisse où elle s’annonce comme la première foire helvétique exclusivement vouée à la photographie. Face au désengagement d’Art Basel vis-à-vis des galeries de photo, et au retrait volontaire de nombre d’entre elles compte tenu des critères de sélection, Photo Basel a une place à prendre.

Ses organisateurs, Sven Eisenhut et Samuel Christoph Riggenbach, spécialisés dans l’événementiel, ont réussi à la programmer en même temps qu’Art Basel. Ils espèrent drainer les visiteurs de la foire d’art contemporain vers Ackermannshof, vieille demeure située dans le centre-ville où se déroulera Photo Basel.

Le nombre et la liste des galeries (16 au total) et des éditeurs (3), loin des trente participants attendus, montre que du côté des enseignes internationales comme helvétiques on ne s’est pas précipité, préférant attendre de voir ce que donnera ce nouveau rendez-vous. Le positionnement de la foire sur les artistes âgés de moins de 40 ans, de même que le profil de ses organisateurs, totalement inconnus du milieu en France, semblent avoir soulevé des questionnements.
Les parisiens Esther Woerdehoff, Baudoin Lebon et David Guiraud ont pourtant décidé d’y participer. Pour l’affiche de la première édition, c’est d’ailleurs un des Popsicles (éponge colorée en forme de glace à l’eau) du duo d’artistes suisse-danois PutPut que représente Esther Woerdehoff qui a été choisi. Tout un symbole synonyme de fraîcheur, de créativité, de décalage mais aussi de prix accessibles (à Paris Photo 2014, un tirage de cette série était disponible pour 1 000 euros).
La liste des galeries et des éditeurs de Photo Basel, bien qu’extrêmement réduite, apparaît en effet plus proche de celle d’Unseen Photo Fair, organisée chaque année en septembre à Amsterdam par Foam, que de Photo London. La galerie anversoise Stieglitz 19, spécialisée dans la photographie contemporaine, qui présentera Lara Gasparotto et Ren Hang, était l’an dernier à Unseen, de même que la galerie néerlandaise Kahmann. La présence remarquée de Cohen Gallery (Los Angeles), de Carlos Caamaño (Lima, Pérou), de Photo Edition Berlin, Bildhalle (Zurich), de Degen Gallery (Bâle) et de mc2 gallery (Milan) ou de PH Neutro (Pietrasanta, Italie) comme celle de l’éditeur japonais Amanasalto (nouveau partenaire des Rencontres d’Arles) et de Mack (Oldham, Royaume-Uni) éclairent sur la dynamique particulière que devrait engendrer ce positionnement exclusif sur la création contemporaine.