Les professionnels ont fini l’année en disant « ouf » ! Ouf, car malgré les tumultes économiques et boursiers qui auraient pu malmener le marché de l’art, le cru 2007 reste tonique. À croire que le schisme se creuse de plus en plus entre les différents secteurs. Côté économique, la facture des dégâts provoqués par la crise des crédits immobiliers à risques américains, les désormais célèbres subprimes, a été régulièrement revue à la hausse. En novembre, la banque américaine Goldman Sachs avançait le chiffre de 2 000 milliards de dollars. Dans le même temps, le World Wealth Report publié en juin 2007 par Merril Lynch et Capgemini précisait qu’en 2006 les grandes fortunes s’étaient massivement reportées sur l’immobilier, liquidant même d’autres investissements alternatifs pour profiter de ce créneau alors supposé porteur. Difficile d’imaginer que tout ce beau monde soit sorti indemne de la tempête boursière du mois d’août. Et pourtant ! D’après Bill Ruprecht, président de Sotheby’s, la maison de ventes, qui a pourtant vu son action chuter de 37 % en novembre, a réalisé ces six derniers mois certains de ses meilleurs chiffres. Ne serait-ce qu’à Paris, la collection Dormeuil a fait merveille le 9 novembre, deux jours après une vacation d’art moderne ratée à New York. De son côté, le Fine Art Fund, lancé voilà quatre ans à Londres par Philip Hoffman, a rallié depuis l’été trois familles de milliardaires tandis que trois institutions bancaires semblent prêtes à sauter le pas. « Nous visons à acheter pour 2 millions de dollars d’œuvres par semaine. L’an prochain, nous ambitionnons de doubler ce chiffre », nous a confié Philip Hoffman. Un nouveau « fonds de fonds » initié par une banque européenne devrait même voir le jour au printemps. Pour des personnes extrêmement fortunées, une crise boursière n’enlève-t-elle rien au sentiment d’être riche ? Il faut croire que non, puisque les Américains ont formé le plus gros contingent des acheteurs dans les ventes d’art contemporain de New York en novembre. Pour François Curiel, président de Christie’s France, les nouvelles fortunes permettraient d’ailleurs de compenser l’éventuelle frilosité des acheteurs traditionnels. Quand un magnat californien comme Eli Broad prend du recul, un tycoon d’Hongkong tel Joseph Lau entre-t-il en scène ? Peut-être.
Outre les roulis sur le marché du crédit, l’autre donnée significative de 2007 a été la dégringolade du dollar par rapport à l’euro. Chute qui a refréné les achats des Américains sur les foires européennes. Pire, William Delannoy, président de l’association Développement et promotion des Puces de Paris Saint-Ouen, confie en janvier au magazine Capital que la dépréciation du billet vert a rogné 60 % du chiffre d’affaires des puciers et contraint 20 % d’entre eux à mettre la clé sous la porte. Tout ne va pas si bien que ça Madame la Marquise...
Néanmoins, les irréductibles optimistes affirment mordicus que l’art reste une meilleure valeur-refuge que la pierre. Il serait tentant de le croire. Christie’s dispersera le 13 mai dans une vente d’art contemporain la maison Kaufmann, conçue en 1946 par l’architecte Richard Neutra à Palm Springs. Son estimation est de 15 à 25 millions de dollars. Soit autant qu’un cœur de Jeff Koons !
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Une année dans le rétroviseur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°273 du 18 janvier 2008, avec le titre suivant : Une année dans le rétroviseur