SUISSE : LES VISAGES DE JAWLENSKY
Une quarantaine d’huiles et quelques dessins évoquent le parcours du peintre d’origine russe Alexej von Jawlensky à la galerie Iris Wazzau à Davos, jusqu’au 20 septembre (Promenade 79, 81-413 31 06). La présentation, qui comprend des œuvres de 1904 à 1937, montre plus particulièrement les réflexions picturales de l’artiste sur le motif du visage. Seule une douzaine de pièces sont à vendre, dans une fourchette de prix allant de 29 000 à 1 million de francs suisses. Pour l’amateur, c’est surtout l’occasion de revoir des toiles significatives, où le peintre a laissé progressivement la couleur prendre une place prépondérante.
Après une importante présentation monographique en 1991, l’artiste américaine Catherine Lee expose des travaux récents à la galerie Jamileh Weber à Zurich (Waldmannstr. 6, 1-252 10 66), jusqu’au 21 septembre. Son travail s’attache particulièrement à évoquer une sorte de parallélisme entre le parcours de la vie et l’imperfection d’un détail, d’une forme ou d’une surface. Son art se situe à la frontière du relief, de la sculpture, de la peinture et de la céramique. Sa réflexion intervient également beaucoup sur le rendu des matières, notamment dans cette exposition où elle joue sur la variété des patines du bronze.
À Genève, la galerie Art & Public (Rue des Bains 35, 22-781 46 66) opte pour un accrochage associant des œuvres d’artistes aussi différents qu’Helmut Federle, Peter Halley, Sherrie Levine, Olivier Mosset, Frank Stella, entre autres. Cette exposition de groupe présente, jusqu’au 28 septembre, les artistes avec lesquels Pierre Huber aime travailler, en particulier John Armleder, qui créera pour l’occasion des Wall Paintings dans le Hall, tandis que la petite salle, la “Guest Room”, sera confiée à Zhang Peili pour une installation vidéo intitulée Le plaisir indéterminé.
Le photographe Laurent Cochet expose à la galerie Fulvia à Nyon (Espace d’exposition à la Ferme du Rocher, ch. des Plantaz, 22-700 54 78), jusqu’au 28 septembre, une série qui succède au travail présenté au printemps dernier au Musée de L’Elysée, à Lausanne. En constante recherche sur les procédés anciens, il tente "un élargissement du vocabulaire photographique"”. Ses scènes d’intérieur, natures mortes et paysages révèlent un photographe avant tout intimiste.
C’est dans un esprit tourné vers l’enfance et une tentative liée davantage à la sensibilité qu’à la naïveté que le peintre italien Giovanni Vetere présente ses travaux récents à la galerie AAA à Ascona (Carrà dei Nasi 18, 91-791 11 44), jusqu’au 24 septembre.
Peintre dans la veine de Gerhard Richter, Martin Kasper, qui expose à la galerie Guillaume Dæppen à Bâle (Kirchgasse 2, 61-693 04 79) jusqu’au 2 novembre, a réalisé une série de paysages des bords du Rhin et de la région de Mulhouse sur le mode lyrique. Certains détails des écluses, par exemple, ou la simplicité des compositions créent une atmosphère fascinante.
LONDRES : UN SIÈCLE DE DESSINS DE SCULPTEURS
Karsten Schubert et la Frith Street Gallery, spécialiste des œuvres sur papier, se sont associés pour proposer la plus ambitieuse exposition de dessins de sculpteurs jamais montée à Londres. “De la silhouette à l’objet : cent ans de dessins de sculpteurs” rassemblera, du 12 septembre au 2 novembre, des œuvres de cent quatorze artistes, datées des années 1890 à nos jours : Rodin, Picasso, Brancusi, Giacometti –, des Constructivistes et des Vorticistes – Naum Gabo, Henri Gaudier-Brzeska, Jacob Epstein –, Henry Moore, Barbara Hepworth, et des artistes Pop britanniques et américains des années soixante. Sans compter des feuilles d’artistes tels que Giovanni Anselmo, Joseph Beuys, Walter de Maria, Eva Hesse, Giuseppe Penone, Gordon Matta Clark, Robert Morris… Les sculpteurs britanniques seront bien sûr largement représentés : Richard Deacon, Tony Cragg, Bill Woodrow, Anish Kapoor, Damien Hirst, Rachel Whiteread, Dinos & Jake Chapman, Sarah Lucas...
Du 11 septembre au 12 octobre, les Waddington Galleries présenteront les œuvres nouvelles de Ian Davenport. Son utilisation de la peinture y est proche de la sculpture : travaillant à même le sol, Davenport verse des flaques de peinture – environ 10 litres pour chaque tableau – sur des panneaux en fibres de bois, et répète l’opération en jouant sur la couleur, la forme, la surface et la densité de la couche picturale.
Toujours dans Cork Street, The Mayor Gallery organise, du 17 septembre au 2 novembre, une rétrospective des paysages de Peter Hutchinson centrée sur la relation art/nature et l’opposition mots/ images, comme dans Foraging (Fouilles) 1971, où texte et photographies de voyage se côtoient, ou encore Narrative Series (1973) et Alphabet Series (1974), dans lesquelles chaque lettre de l’alphabet est écrite, photographiée ou sculptée.
Un peu plus loin dans Cork Street, la galerie Entwistle présente, du 14 septembre au 14 octobre, "Sweet Nothings" (Petits riens), une exposition personnelle de Nicky Hoberman, qui a récemment participé à l’exposition collective des "Nouveaux Contemporains". Influencée par les travaux de Cindy Sherman, Diane Arbus et Alex Katz, Nicky Hoberman photographie des enfants au regard triste à l’aide d’un Polaroïd dont elle peint ensuite les épreuves.
Jusqu’au 15 septembre, la Flowers East Gallery poursuit son exposition collective d’art abstrait britannique, présentée dans ses propres espaces et ceux de London Fields, situés en face dans Richmond Street. “British Abstract Art, Part 3 : works on paper” rassemble le travail de plus de cinquante participants, dont Albert Irvin, Sean Scully, Prunella Clough…
NEW YORK : SOHO FAIT SON FESTIVAL
La IVe édition du SoHo Arts Festival, du 5 au 8 septembre, promet d’être le grand évènement artistique de la rentrée à Manhattan, mêlant arts plastiques et arts du spectacle. La SoHo Gallery accueille soixante participants, dont Boesky & Callery, Tricia Collin/ Grand Salon, Ronald Feldman et June Kelly. Sous le titre de "Shopping", Jérôme Sans a sélectionné Jim Anderson, Douglas Gordon, Mona Hatoum, Claude Lévêque, Sam Samore, Ross Sinclair, Che Zen, parmi d’autres, qui investiront quelques devantures de magasins au motif de "l’infiltration invisible". À l’initiative de Deltch Projects, des artistes ont réalisé des pièces spécifiques dans des boutiques et des restaurants de SoHo.
Du 5 au 28 septembre, les Salander-O’Reilly Galleries célèbreront le 125e anniversaire du San Francisco Art Institute (SFAI) en proposant une cinquantaine d’huiles, dessins, sculptures, photographies et céramiques réalisés par des artistes ayant fréquenté cette école, fondée en 1871 : Ansel Adams, Vito Acconci, Nan Goldin, Richard Diebenkorn, William Wiley, Robert Arneson, Joan Brown… Le produit de la vente ira au SFAI.
Luhring Augustine accueillera, du 7 septembre au 12 octobre, une exposition consacrée à un autre diplômé du SFAI, Paul McCarthy. Cet artiste de la côte Ouest, dont la vidéo Fresh Acconci, réalisée avec Mike Keley, a été présentée à la dernière Biennale du Whitney Museum, présentera une installation de robots, pleine d’action et de connotations sexuelles.
Venant grossir le nombre d’artistes qui se dispensent des services d’un agent, Robert Rauschenberg a décidé d’exposer pour la première fois à la galerie PaceWildenstein. Il y proposera, du 19 septembre au 19 octobre, une série d’œuvres sur papier exécutées en 1995-1996, à base de pochoir, de collages et de juxtapositions d’images, baptisées Anagrams.
Du 7 septembre au 22 octobre, New York rend un double hommage à Pierre Molinier. L’univers fétichiste du photographe français, mort en 1976, est à découvrir à la galerie Wooster Garden & Brent Sikkema, ainsi qu’à la galerie Ubu.
ITALIE : ÉCRAN TOTAL
À Bologne
La Galleria Otto Arte Contemporanea exposera, du 20 septembre au 20 octobre, des œuvres, inédites de Gilberto Zorio, protagoniste de l’Art pauvre connu pour ses métaphores sur le voyage, la locomotion et la "transmutation alchimique", abordées à travers les thèmes des Canoës, des Javelots, des Étoiles…
À Turin
À la galerie Photo & Co, le photographe japonais Hiroshi Sugimoto a droit à une ambitieuse anthologie retraçant vingt années d’activité. Trois de ses célèbres séries y seront présentées du 26 septembre au 20 octobre : Old fashioned, une étude sur les théâtres américains de la première moitié du siècle, photographiés en clairs-obscurs raffinés ; Drive-In, dominée par des écrans gigantesques où les spectateurs ressemblent à des fidèles en adoration, et Dioramas, qui revisite la muséographie adoptée aux États-Unis dans les années trente pour la présentation des collections d’histoire naturelle. Thames & Hudson-Londres publie un catalogue avec des textes de Thomas Kellein.
À Rome
Jusqu’au 30 octobre, la galerie 2RC propose trois exemples de gravures inédites de grand format, réalisées à quatre mains par deux artistes de génération et de tendances différentes : Arnaldo Pomodoro et Enzo Cucchi. Le premier, né en 1926, est un sculpteur qui se rattache à l’abstraction classique et le second, né en 1950, s’est affirmé au début des années quatre-vingt comme l’un des principaux animateurs de la Trans-avant-garde.
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Un tour des galeries (II)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Un tour des galeries (II)