Organisée du 18 au 27 janvier, la Foire des Antiquaires de Belgique attire de plus en plus d’exposants français.
BRUXELLES - N’en déplaise aux amateurs de blagues faciles, les Belges ne comptent pas pour des prunes. En atteste la tranquille montée en puissance depuis trois ans de la Foire des Antiquaires de Belgique. En témoigne aussi une clientèle progressivement diversifiée. « On a de plus en plus de visiteurs du Sud de l’Europe et pour la première fois on a vu l’an dernier des décorateurs russes. Les gens se rendent compte qu’il y a une progression constante », souligne Grethe Zeberg, présidente du salon.
Un quota plus large de participants étrangers, de l’ordre de 51 % contre 45 % en 2007, et un renforcement de certains secteurs marquent cette nouvelle cuvée. Plus européen qu’international, le salon s’est mu en succursale pour les marchands français, lesquels représentent à eux seuls 41 % des exposants. Certains comme Zlotowski (Paris) s’y font les crocs en attendant de tenter l’aventure sur d’autres foires étrangères. Habituée à travailler en appartement, Fabienne Fiacre (Paris) en profite pour sortir de la confidentialité et élargir sa clientèle sans trop de frais. Cette représentation hexagonale s’explique surtout par le nombre croissant d’exilés fiscaux à Bruxelles. « Avant, j’allais deux fois par an en Belgique, maintenant presque une fois par mois », confie le marchand parisien Éric Coatalem, nouvelle recrue du salon. Celui-ci vient renforcer avec la galerie Bérès (Paris) la section des tableaux anciens. De retour après une brève éclipse, Jacques Leegenhoek (Paris) caresse les Belges dans le sens du poil avec un modelo d’après Giorgione de David Teniers le Jeune, Suzanne et les Vieillards de Cornelis Schut, épigone de Rubens, et un portrait de Navez.
Archéologie en force
L’archéologie se raffermit pour sa part avec le retour d’Hamarkhis (Bruxelles) et l’arrivée de Cybèle (Paris). Exposant de Brussels Ancient Art Fair (BAAF), organisée en juin à Bruxelles, cette dernière troque ses habituels petits objets d’égyptologie pour de grands marbres spectaculaires. Côté tapisserie, les Chevalier (Paris), qui ont quitté depuis quelques années TEFAF Maastricht, rejoignent leurs confrères de Wit (Malines) et Zada (Bruxelles) avec un mélange de tentures anciennes et contemporaines. Le XXe siècle ne monte lui que timidement en grade. Ronny Van de Velde (Anvers) promet toutefois de faire florès, notamment auprès des marchands parisiens prompts à se pourvoir chez lui à cette occasion. Son escarcelle compte cette fois une étude pour les Demoiselles d’Avignon de Picasso, de grands panneaux de Gilbert & George et un coin dédié à CoBrA. Classicisme ambiant oblige, le design reste sage. Autegarden-Rapin (Bruxelles) joue ainsi sur du velours – et du sûr – avec quatre miroirs gravés de Gio Ponti et des guéridons italiens en palissandre. Elle s’autorisera toutefois une pointe de fantaisie avec un mobile de Marc Cavell.
L’optimisation constante du salon ne fait toutefois pas de Bruxelles un concurrent pour Tefaf, organisée deux mois plus tard. Les marchands qui participent aux deux événements réservent leurs inédits ou objets phares pour la Mecque de l’art ancien, aiguillant de plus petites pièces à Bruxelles. « Je n’aurais jamais la prétention de faire la compétition de Maastricht qui est plus forte en tableau, convient le Bruxellois Bernard de Leye. Bruxelles reste un lieu où il fait bon vivre, où l’on n’assassine pas les gens avec des prix fous. On n’attend pas le pigeon américain. Ce n’est pas une foire de décorateurs, mais une foire d’amateurs. » Le marchand d’orfèvrerie, qui prévoit notamment une théière en argent de François-Thomas Germain, relève aussi une ambiance moins crispée qu’à la Biennale des Antiquaires de Paris. Il a ainsi vendu l’an dernier à la Foire de Bruxelles une coupe en agates et pierres précieuses de Dresde, rejetée par le vetting de la Biennale l’année précédente. « À Bruxelles, les exposants ne sont pas dans les commissions d’expertise, à part certains comme Jacques Barrère qui sont incontournables, insiste-t-il. Il n’y a pas de règlements de comptes. » En tout cas, moins qu’ailleurs.
18-27 janvier, Tour & Taxis, avenue du Port 86 C/B, www.antiques-fair.be tlj 11h-19h, le 24 11h-22h30.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un salon d’amateurs
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €- Président : Grethe Zeberg - Nombre d’exposants : 130 - Tarif des stands : 120 euros le m2, prix dégressif en fonction de la taille - Nombre de visiteurs en 2007 : 35 340
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°272 du 4 janvier 2008, avec le titre suivant : Un salon d’amateurs