Un Parcours des mondes renouvelé

PARIS - En reprenant cette année en main le Parcours des mondes, qui s’est tenu du 10 au 14 septembre, le collectionneur Pierre Moos, éditeur de la revue Art tribal, s’était promis d’en relever la qualité. Il a opéré une sélection rigoureuse des exposants, et fait réaliser un vetting pour le catalogue et les pièces exposées pendant la durée de la manifestation. Un contrôle qui s’est soldé par quatre retraits immédiats chez les marchands (sous peine de ne pouvoir revenir l’année suivante). Mais l’événement a fait preuve aussi d’un marketing efficace, et offert une belle exposition non commerciale (les sculptures africaines de la collection Liliane et Michel Durand-Dessert présentées jusqu’au 24 septembre à la Monnaie de Paris), le tout sous la présidence d’honneur de Jean Paul Barbier-Mueller. L’organisation a fait l’unanimité chez les exposants comme chez les collectionneurs qui ont été plus nombreux à se déplacer pour cette édition. « Les conservateurs du monde entier et les plus grands collectionneurs sont venus », se réjouit Pierre Moos. Sa plus grande fierté a été d’entendre l’écho de la réussite du Parcours des mondes lors du vernissage de la Biennale des antiquaires. « L’organisation s’est révélée nettement plus professionnelle sans faire de l’ombre au côté convivial et agréable du Parcours », confirme un habitué, collectionneur d’hameçons océaniens parti à la pêche aux découvertes chez les marchands parisiens Anthony Meyer, Jean-Édouard Carlier (galerie Voyageurs et Curieux) et Yann Ferrandin. Pour le Belge Marc Félix, l’un des plus importants collectionneurs d’art africain, « la qualité des objets étaient clairement meilleure, avec moins de pièces “douteuses” ». Il a réalisé de nombreuses acquisitions parmi lesquelles un peigne Mbunn du Congo du XIXe siècle, chez son compatriote Alain Guisson, et un petit masque d’Oba en bronze du XVIe siècle du royaume de Bénin (Nigeria), à la galerie Entwistle.

« Pré-pré-vernissage »
Les marchands ayant fait l’effort d’organiser une exposition thématique de qualité sans trop pousser les prix, à l’exemple de Renaud Vanuxem avec « Ancêtres » ou des Flak avec « Totems et chamans », ont non seulement bien vendu, mais aussi tiré profit d’échanges pédagogiques. Seule ombre au tableau selon certaines galeries : la surabondance de participants. Soixante-cinq enseignes étaient en effet inscrites au Parcours sans compter toutes les galeries pirates, souvent installées en appartement. Malgré les nombreux achats annoncés par les collectionneurs, beaucoup d’exposants ont avoué avoir peu travaillé. « L’organisation est “top”, mais les affaires sont molles car il y a trop de participants ; il faudrait en réduire le nombre à cinquante », lance le marchand belge Didier Claes, vice-président de Bruneaf (le « parcours » bruxellois qui a lieu annuellement en juin). La pléthore d’expositions n’a pas semblé en revanche décourager les visiteurs. « Le seul bémol, observe Marc Félix, est que les galeries organisent un pré-vernissage et même un “pré-pré-vernissage” informel. Le hasard a voulu que je me déplace à Paris quelques jours avant l’ouverture du Parcours et que j’en profite. Mais honnêtement, je ne trouve pas cela normal d’autoriser des ventes avant l’heure au détriment d’autres collectionneurs. Les organisateurs devraient être plus stricts pour empêcher cela. »