L’antiquaire turinois Giancarlo Gallino présente jusqu’au 6 juin un crucifix en argent de Jean de Bologne découvert dans une collection privée.
TURIN - L’inventaire post-mortem des collections de Charles-Emmanuel Ier révèle que le duc de Savoie possédait des petits bronzes précieux du sculpteur flamand (“deux statues en bronze de l’enlèvement des Sabines de la main de Gio. Bologna”). Herbert Keutner, directeur du Kunsthistoriches Institut de Florence de 1969 à 1981 et expert allemand reconnu de Jean de Bologne, a conduit les recherches sur le nouveau crucifix. À partir de 1579, et donc avant de réaliser ses crucifix les plus célèbres de taille réelle, l’artiste en avait fondu plusieurs exemplaires en bronze qui mesuraient tous de 24 à 47 cm environ. Les grands-ducs lui avaient également commandé des crucifix identiques, en or et en argent, qu’ils envoyaient comme cadeaux diplomatiques aux princes régnants ou aux dignités ecclésiastiques.
Jean de Bologne ne travaillait personnellement ni l’or ni l’argent, mais il préparait les modèles pour les orfèvres qui opéraient sous son contrôle direct. Les recherches d’Herbert Keutner dans les archives de Florence lui ont permis de retrouver des documents concernant dix-sept crucifix en métal précieux, dont quatre en or aujourd’hui probablement perdus, et treize en argent dont neuf ont été réalisés par l’orfèvre Antonio Susini. Entré dans l’atelier du maître en 1573, ce dernier a œuvré en étroite collaboration avec lui pendant des décennies. L’expert allemand en conclut que le crucifix provenant d’une collection privée que présente Giancarlo Gallino, dans sa galerie Antichi Maestri Pittori, est le premier à réapparaître des neuf exemplaires documentés qui ont été exécutés par Susini d’après un modèle de Jean de Bologne et sous son contrôle. “Même si les œuvres ont matériellement coulées puis finies par Antonio Susini, commente Keutner, elles ont quitté l’atelier de Jean de Bologne en tant qu’œuvres du maître. De plus, les grands-ducs les offraient comme des créations signées de l’artiste, et ce serait une erreur de les considérer autrement aujourd’hui.” Sa date est prouvée de manière irréfutable par une lettre de paiement à Antonio Susini, établissant que le poids du chef-d’œuvre retrouvé par l’antiquaire turinois correspond exactement à celui d’un crucifix en argent de mêmes dimensions remis au secrétaire du grand-duc le 4 décembre 1592.
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Un Jean de Bologne inédit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°81 du 16 avril 1999, avec le titre suivant : Un Jean de Bologne inédit